Quelle ville?

Cette adaptation de la pensée physique se faisait plus radicale chez les enfants et les adolescents, qui s’équipaient d’outils devenus indispensables pour aborder le monde : leur activité mentale semblait échapper aux critères et aux modes de la réflexion connus jusqu’alors, pour se développer dans d’autres directions et selon d’autres logiques, recherchant toujours à identifier la trajectoire la plus courte pour le moindre effort – et l’atmosphère physique de la Terre se chargeait d’échanges abréviés.

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Dans Sa ville, désormais, cohabitaient les « anciens », vétérans et pionniers des premières heures, avec les moins anciens, qui s’étaient joints à une aventure exigeante durant les deux dernières décennies du millénaire précédent (mais la science ne cessait de découvrir d’autres millénaires à l’histoire de l’humanité), et avec les nouveaux, arrivés depuis. Les relations se plaçaient souvent sous le signe du malentendu : les différences de langage et de sens, différences d’aspiration et d’espoirs et d’engagements, différences d’appréciation des questions posées par la vie, pesaient sur une communication qui se réduisait ainsi à ces préoccupations qui pouvaient être partagées. Certains des « anciens » acceptaient ou choisissaient un rôle, d’autres se contentaient de poursuivre leur pratique de cheminement, et d’autres tendaient à se retirer, à s’éloigner des foyers collectifs, éprouvant une sorte de désarroi devant l’influx et l’import constants de méthodes et d’approches qui n’étaient pas nées d’une expérience commune sur le terrain, mais s’imposaient pourtant, réclamant une ouverture au monde.

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