Journal C'est à Dire 110 - Avril 2006

D O S S I E R

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Dérives

Près de 600 infirmières franc- comtoises travaillent en Suisse Plus de 11 % des frontaliers exercent dans le domaine médical. Après l’horlogerie et la mécanique, c’est le troisième pourvoyeur d’emplois frontaliers. Les infirmières sont en première ligne. Secteur médical

Des primes aux salariés qui débauchent des Français Dans certaines entreprises suisses, des primes seraient attribuées aux salariés fran- çais qui convaincraient leurs compatriotes de venir travailler en Suisse. Une dérive parmi d’autres qui inquiètent les élus locaux.

“V ous connaissez dans votre entourage telle ou telle personne ayant tel- le et telle qualification. Faites- la venir, nous vous donne- rons une petite gratification.” Voilà résumées les incitations que feraient des entreprises suisses pour attirer vers elles pénurie de main-d’œuvre à laquelle elles sont parfois confrontées. Si cette pratique n’est pas généralisée, elle existe pourtant bel et bien. Ce n’est qu’un risque parmi d’autres, que dénoncent cer- tains élus du Haut-Doubs comme le maire de Pontar- lier Patrick Genre qui met en garde contre un autre phé- nomène qui pourrait mettre en péril le fragile équilibre économique du Haut-Doubs qui tient pour une bonne part à la bonne santé de l’écono- mie suisse. “Aujourd’hui, de plus en plus de groupes indus- triels, étrangers ou même français, font le comparatif entre le coût du travail et de la main-d’œuvre en France des salariés français. Elles compense- raient de cette manière la

et en Suisse. J’ai actuellement trois exemples en tête de groupes installés dans le Haut-Doubs qui réfléchissent sérieusement à “délocaliser” en Suisse. C’est pour cela que la proximité de la frontière peut être aussi un danger pour l’économie du Haut- Doubs. Heureusement, jus- Les incitations à l’installa- tion et les aides octroyées par les collectivités publiques suisses en termes fiscaux sont d’autres éléments d’inquié- tude pour les élus du Haut- Doubs, impuissants. “Nous sommes souvent considérés comme étant dans une zone économique privilégiée. Mais j’affirme que nous sommes une zone à risque. Dans les années à venir, il faudra vrai- ment se battre pour garder les entreprises que l’on a sur notre territoire” juge-t-il. La question du coût horaire du travail risque en effet de peser de plus en plus sur la compétitivité des entreprises françaises. qu’à maintenant, ces entreprises ne sont pas allées jusqu’au bout de leur logique.”

S elon la direction régionale des affaires sanitaires et sociales, 591 infirmières franc-comtoises travailleraient actuellement sur le territoire suisse. La Conférence Transju- rassienne suisse a effectué une étude sur la population infir-

mière frontalière exerçant en ter- re helvétique. L’organisme a pas- sé au peigne fin 440 de ces infir- mières françaises qui ont choi- si d’exercer de l’autre côté de la frontière. Plus de la moitié d’entre elles - 50,7 % - se sont formées en Franche-Comté, dont

35,8 % à Besançon, 12,5 % à l’I.F.S.I. de Pontarlier et 2,5 % à Belfort-Montbéliard. Toutes ces infirmières frontalières françaises ne sont donc pas originaires de Franche-Comté. 35 % d’entre elles ont obtenu leur diplôme dans d’autres régions françaises, 10,2 % dans d’autres pays euro- péens et 4,2 % seulement en Suis- se. Le métier d’infirmière est donc un de ceux sur lesquels la ont participé à cette étude, 28 % du personnel est constitué de tra- vailleuses frontalières. Ce taux d’infirmières françaises va de 3 % dans un hôpital du Jura bernois à 86 % dans un home médica- lisé du Jura suisse” résume Clau- de Girardin, le responsable de cette étude très récente (février 2006). Les infirmières françaises exer- çant dans les établissements suisses restent en moyenne 6,2 ans dans la même structure. Mais “elles ne viennent pas tout de sui- te en Suisse. Elles travaillent déjà en France en moyenne 6,4 ans.” Constat surprenant : ce ne serait Suisse exerce le plus fort pouvoir d’at- traction. “Dans les établissements de l’Arc jurassien qui

pas le salaire qui motive en pre- mier lieu les infirmières fran- çaises à passer la frontière. Pour 49 % d’entre elles, c’est la concep- tion suisse des soins qui les moti- ve, suivie des ressources affec- tées aux soins pour 40 % d’entre elles, puis de l’organisation du travail (38 %), de la reconnais- sance de leur rôle profession- nel autonome (30 %) et enfin seu- lement, du salaire (24 %). Un “Presque la moitié de mes col- lègues sont frontalières, explique- t-elle. Le salaire d’une infirmiè- re en France est d’environ de 1 500 euros par mois après 10 années d’expérience. En Suisse, c’est le double, voire plus.” Autre para- doxe : une infirmière qui veut se former en France doit patienter deux ou trois ans à la porte de l’institut de soins infirmiers alors que certains établissements suisses sont en manque d’élèves. Voilà un sujet concret et criant des nécessaires ponts à construi- re en matière d’emploi entre nos deux pays. J.-F.H. constat qui fait dou- ter Marie-Anne Guillaume-Gentil, infirmière en chi- rurgie à Neuchâtel :

Le fragile équilibre économique du Haut-Doubs.

“Presque la moitié de mes collègues sont frontalières.”

Une infirmière en Suisse gagne aux environs de 3 000 euros par mois.

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