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Ce fut durant cette période qu’une sorte de discipline quotidienne graduellement
s’établit : d’abord, je nettoyais et rangeais l’intérieur du temple (de l’oratoire),
puis m’en allais cueillir les fleurs dans le jardin pour les déposer près de Sri
Ganesh, avant de balayer tout l’espace autour du temple et du Shivalingam, puis
les chemins et enfin l’aire publique devant le portail, avec son banc et son point
d’eau ; ensuite il fallait arroser les plantes ou les tailler ou bien désherber, selon
les saisons ; ce n’était donc qu’au milieu de la matinée que je pouvais changer de
vêtements, troquant ceux du jardinier pour ceux du « pujari », et m’asseoir
auprès de … la statue de Sri Ganesh… ! Je l’enduisais alors d’huiles parfumées,
puis appliquais la pâte de « tilakam » sur les points correspondant aux centres
d’énergie, y compris ses quatre mains et ses deux pieds, passais le collier de
graines de « rudraksha » autour de son cou, pour enfin disposer les fleurs fraîches
une à une ; seulement alors j’allumais les lampes à huile et chantais les mantras
qui me semblaient pertinents ce jour-là, et terminais en sonnant deux petites
cloches et faisant brûler des bâtons d’encens.
Le reste de la matinée s’écoulait selon les visites ou les travaux de jardinage ; mais
chaque jour vers midi, avant de quitter les lieux, je m’asseyais devant Sri Ganesh
en laissant sa présence s’exprimer, délivrer son message ou sa perception ; de
cette manière, un aspect ou un autre venait en avant et parfois un mouvement de
conscience inattendu se présentait.
Ma propre aspiration ou orientation bien sûr jouait un rôle en filtrant et en
développant une nouvelle expérience de la réalité de Sri Ganesh : et ainsi son
importance croissante pour la préparation et la protection du terrain de la
nouvelle création, peut apparaître non-orthodoxe, dans le sens où, à ma
connaissance, l’on ne s’est jamais encore adressé à Sri Ganesh dans cette
fonction. Cependant, n’a-t-il pas été reconnu depuis longtemps comme le Maître
du Yoga ? Et quel est le Yoga de la Terre aujourd’hui ? cela n’implique-t-il pas
cette fonction de servir l’émergence d’un être nouveau ?