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Le système de modélisation GLOBIO est utilisé pour estimer la ré-
duction de la biodiversité et des aires de distribution, à l’échelle mon-
diale, à travers 75 études tropicales et régionales. Ce système évalue
les pertes en termes de biodiversité, l’expansion humaine, ainsi que
le recul des habitats naturels et des aires de distribution, tant au
niveau régional qu’au niveau mondial (Nellemann
et al.
, 2003 ; Lee-
mans
et al.
, 2007 ; Benítez-López
et al.
, 2010 ; Pereira
et al.
, 2010 ;
Visconti
et al.
, 2011 ; Newbold
et al.
, 2013).
GLOBIO compile des données d’imagerie satellitaire et des données
du modèle IMAGE, qui recensent les changements dans l’utilisation
des terres, et recense des informations portant sur la densité et la
croissance démographique des populations humaines, l’abondance
et l’exploitation des ressources, la pollution et les changements clima-
tiques, parmi de nombreux autres indicateurs (voir Alkemade
et al.
,
pour plus d’informations et le site Web
www.globio.info). En partant
de l’hypothèse selon laquelle la densité des infrastructures humaines et
des terres agricoles constitue une valeur représentative pertinente pour
estimer la disparition des aires de répartition, les résultats du modèle
GLOBIO ont été utilisés pour quantifier la réduction actuelle, en tenant
compte du scénario A1 du rapport spécial sur les scénarios d’émissions
(RSSE), tel qu’il a été établi par le Groupe d’experts intergouvernemen-
tal sur l’évolution du climat (Alkemade
et al.
, 2009 ; GIEC, 2000).
D’après les résultats des analyses du modèle GLOBIO, la multiplication
des infrastructures a une incidence néfaste sur près de 70 % de l’habitat
de l’ensemble des espèces de grands singes. Dans le cadre de l’orang-
outan, les activités humaines empiètent sur 64 % de son habitat naturel
(Nellemann et Newton, 2002 ; Nellemann
et al.
, 2007 ; Wich
et al.
, 2011 ;
Nellemann et INTERPOL, 2012). Certains scénarios prévoient un recul
de 2 % des habitats encore intacts chaque année, dans le cas des grands
singes d’Afrique, et de 5 % chaque année pour les orangs-outans d’Asie
du Sud-Est. D’ici 2030, le développement des infrastructures devrait
avoir eue une incidence sur plus de 90 % de l’habitat des grands singes
Menaces à l’encontre des
grands singes
en Afrique, et sur plus de 99 % de l’habitat des orangs-outans en Asie.
Ces chiffres sont corroborés par des estimations obtenues dans le cadre
de travaux de recherche sur le terrain, et portant sur la dégradation et le
recul de l’habitat des grands singes (Nellemann et Newton, 2002 ; Nel-
lemann
et al.
, 2007 ; Wich
et al.
, 2011 ; Nellemann et INTERPOL, 2012).
De manière générale, un grand nombre des aires de distribution en
Asie du Sud-Est se réduisent à un rythme soutenu. De nombreux
orangs-outans quittent la forêt à la recherche de nouveaux territoires
et sont capturés pour être placés dans des refuges, tués par des chas-
seurs en quête de nourriture et/ou parce qu’ils s’aventurent sur des
terres occupées par l’homme, ou vendus dans le cadre d’activités
commerciales illégales (Hockings et Humle, 2009 ; Nijman, 2009 ;
Campbell-Smith
et al.
, 2010). En Afrique, alors que les aires de ré-
partition diminuent, les nombreux camps d’exploitation forestière
et minière, ainsi que l’expansion des zones urbaines, ont favorisé la
croissance d’importants marchés de viande de brousse. Lorsque les
grands singes (jeunes et adultes) sont tués, leurs petits sont capturés
et vendus par la suite dans le cadre du commerce d’animaux vivants.
Les analyses relatives aux aires de répartition des grands singes se heurtent à l’absence de don-
nées précises. Cependant, le recul constant de l’habitat des grands singes a été corroboré par
de nombreuses études (Nellemann
et al.
, 2007 ; Nellemann et INTERPOL, 2012). Les menaces
auxquelles ce dernier fait face incluent la déforestation, l’expansion de l’agriculture, l’augmenta-
tion de la chasse à la viande de brousse, ainsi que les camps d’exploitation minière et forestière.