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un mouvement de peur ! Peur, je crois, autant de mes propres réactions : et cela
me montre clairement, dans le fait, combien je suis peu ou mal centré ; rien
n’arrive, je reste quand même assez tranquille pour neutraliser l’attaque…
*5-10-1993, Auroville :
Tout est si mélangé, et les « problèmes » sont de toutes tailles et viennent de tous
côtés !
Le temps de la confiance n’est pas venu, aussi triste cela soit : ce qui est demandé
est une vigilance orientée et constante, mais qui ne condamne pas, qui soit libre de
l’ego !
*6-10-1993, Auroville :
Ramalingam n’est pas bien ; il est très fiévreux et désorienté, incapable de
participer, mais réticent à toute assistance… Anand est toujours distant, après
l’épisode du bois coupé, dont il me rend responsable par association, puisque
Ramalingam et moi sommes supposés décider de tout ensemble ! Mais en fait il
s’avère que, non seulement dans ce cas mais dans beaucoup d’autres, Ramalingam
n’a pas été clair avec moi… Et rien n’est vraiment droit, ni désintéressé, dans cette
atmosphère…
… C’est comme si chacun se dérobait juste au moment et au point où quelque
chose de plus est requis… Qu’est ce qu’un petit être peut y changer ? J’ai la tête
prise à garder la trace de tous ces mouvements séparés, qui se fichent tout à fait
d’une collaboration véritable et compréhensive – qui ait le courage d’intégrer tous
les aspects et toutes les contraintes…
… J’apprends ce soir que Narayana a invité Somu et Vinod à s’organiser pour
m’attaquer physiquement… !
*7-10-1993, Auroville :
Ce matin j’installe Ramalingam ici, fiévreux, pour qu’il se repose, et demande à
Sumathi de lui préparer une nourriture qui enfin lui convienne…
… Rencontre avec le Brigadier Mahadevan, à propos de son projet d’installer une
centrale solaire au Matrimandir…
… Anand, qui est dans un état très contraire, comme pris par la résistance,
déclenche une situation pénible… Après une série de plaintes et de rapports de vols
divers sur le site, j’avais demandé aux gardiens d’être plus attentifs et plus stricts,
et de vérifier parfois, sans prévenir, les affaires de chacun au moment de quitter le
travail ; mes raisons étaient évidentes pour tout le monde ; mais Anand, monté par
l’interprétation qui lui en a été donnée, le prend comme une insulte… Cela me rend
bien triste, car il a tort et il choisit le petit, et c’est comme une négation de cette
merveille que j’ai si souvent éprouvée avec lui… C’est l’influence de cette
résistance, de sa griffe qui salit, qui touche si grossièrement, et si habilement, à
tout ce qui est encore pur et fragile, qui démolit les derniers repères de beauté, de
douceur et de confiance…
Et pourtant il y a, à travers cette obscure persévérance maligne, le message d’un
être plus grand ; et il faut lâcher, et lâcher encore, quand on croyait déjà avoir tout
offert… !
Alors, je regarde, et j’essaie de ne pas être le jouet…
Mais je ne sais pas ! Je ne crois pas qu’il soit possible, ni vrai, de travailler sans un
minimum de confiance et de reconnaissance entre les êtres, même s’il faut se