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*28-10-1976, Auroville :
… « Ce qu’est l’amitié réelle, ce qu’est la tendresse réelle, l’amour réel, tu le sauras
seulement lorsque tu seras en moi, par moi, moi, entièrement, lumineusement,
simplement ; deviens ce que je suis et tu connaîtras et tu pourras et tu aimeras ;
cherche ton soutien en moi seul et je pourrai grandir en toi et te refaire tout entier
de ma substance consciente, en ma plénitude sans mort ; cesse de prétendre aux
réalisations que tu n’es pas encore capable d’accomplir ; moi seul suis capable de
les accomplir lorsque tout entier tu me seras consacré ; alors tu connaîtras la joie
d’aimer, de donner la joie pure, inégalable, du don de moi-même et de mon union
en tous points… »…
*4-11-1976, Auroville :
Nous ne croyons plus à la supériorité d’un sage, dont l’ego se cacherait encore
derrière sa sagesse… Nous croyons à la Conscience, nous voulons la parfaite
transparence, où plus rien n’est gardé, même par les murs de « l’expérience
intérieure », nous voulons une coulée, un flot, une respiration joyeuse, qui s’affirme
en chacun d’une manière unique et pleine, sans aucune division.
Nous voulons une perfection qui ne refuse rien mais fait de chacun son instrument…
Et, si nous pouvons la vouloir, c’est qu’Elle nous veut !
*5-11-1976, Auroville :
Douce Mère, la lune est pleine, les arbres T’aiment ; je veux grandir, je veux être
debout et fort et voir et embrasser et aimer vraiment.
Toi, Tu aimes, Toi Tu es forte, Tu es vraie ? Tu portes et Tu donnes parce que Tu
es, libre, consciente absolument, Tu es Mère, Tu es Toi.
Notre maladie c’est d’être si petits quand la Force est si grande !
*6-11-1976, Auroville :
Il faut être plus grand que le désir pour être plus grand que la peur ; si l’on est plus
grand que le désir, on n’a plus peur de voir la force du désir revenir s’emparer de la
conscience ; lorsqu’elle revient, on est plus grand qu’elle, on n’est plus son
prisonnier marqué au front, on ne souffre plus, on sourit, et elle s’éteint.
*10-11-1976, Auroville :
La nuit dernière j’ai encore eu l’un de ces rêves qui laissent une impression plus
affreuse encore qu’un cauchemar, car c’est comme s’ils mettaient en présence
d’une duperie fondamentale : je rêve que je trouve une femme qui est Toi, qui se
dit Toi ; elle est en général assise parmi d’autres ; cette nuit, elle donnait quelque
chose, je ne sais plus quoi, à tous ceux qui entraient dans la pièce, comme Tu
l’aurais fait ; je m’approchais d’elle, m’agenouillais, voulais me donner à elle avec
des larmes intérieures, et puis je m’apercevais qu’elle n’avait pas ce contact direct
avec moi que Tu aurais ; elle disait mon nom mais elle était comme une étrangère,
je ne comprenais pas, j’étais perdu, et c’était aussi comme si je me manquais à
moi-même, il n’y avait pas d’identité. Il n’y a rien d’adverse de manière évidente,
elle ne cherche rien de moi apparemment ; mais quand je me réveille, je sais que
ce n’était pas Toi et je souffre de m’être encore laissé tromper ; c’est une
impression très pénible, comme si j’étais seulement capable de toucher une ombre
qui Te ressemble…