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nouveau le temps de marcher : hier j’ai pu marcher plus de deux heures, et sentir

la vie de tous ces êtres, les clivages, les forces et les nécessités, et l’horreur du

milieu, cette monstruosité qui ne cesse d’enfler et de se multiplier – qui peut

enrayer, arrêter cet acheminement vertigineux de l’humanité vers sa propre

impossibilité matérielle ? Quelle force ?

Que faire de toute cette expérience cumulative de ces millions et ces millions

d’êtres, qui sont soi-même, là où « bien » et « mal » ne signifient plus rien

vraiment qu’inextricablement mêlés, mutuellement absorbés, devenus autre

chose ?

Il n’y a que la conscience et sa présence inaltérable qui embrasse toujours plus,

contient toujours plus, au-delà de toute pensée, de tout discours et de toute

émotion, comme un déroulement simultané de tous les possibles, de tous les

assemblages, de toutes les créations – vers un grand cœur souverain qui EST.

*13-3-2001, Aéroport de Mumbai :

Je viens de laisser C et J.F à l’aéroport international ; J.F va s’occuper d’elle

pendant le voyage et l’assister jusqu’à son arrivée à l’hôpital Saint Joseph à Paris,

où un nouveau bilan devra être fait au plut tôt.

Avant de quitter Lilavati, J.F a mis C sous oxygène pour optimaliser le niveau de

saturation sanguine ; tout est arrangé pour qu’elle voyage allongée, au repos.

Je lui ai acheté une nouvelle robe, lui ai lavé et reteint les cheveux, elle s’est

maquillée : elle est adorable ! Et elle a été bien courageuse au moment de la

séparation physique.

Malini vient de me déposer à l’aéroport domestique.

J’ai dit à C que je ne la quitterais pas ; mais il faut que ce soit vrai, hein !

Je voudrais apprendre à former consciemment une émanation qui l’accompagnerait

toujours ; il y a déjà quelque chose de cet ordre qui s’est depuis longtemps établi,

mais je suis encore tellement inconscient, c’est-à-dire que le contact avec la

conscience physique est encore si voilé, alourdi et obstrué par la faiblesse et

l’obscurité de l’ « adhar » - du vaisseau, du récipient…

Et puis naturellement je me dis que c’est Toi qui a veillé, qui veilles et qui

continueras de veiller sur elle ; et c’est seulement dans la mesure où elle a besoin

de ma forme que cela lui sera pourvu, sans que j’aie du tout à exercer ma petite

volonté ignorante !

15-3-2001, Auroville :

C a téléphoné hier soir, de l’hôpital Saint-Joseph, très émue ; les médecins veulent

la garder ; ils ont trouvé bonne sa condition générale, mais une prise de sang

artérielle a montré que les antibiotiques n’avaient pas pu détruire le virus (ou le

microbe) qui s’est installé dans ses poumons – évidemment, puisqu’elle l’a

contracté alors même qu’elle était encore sous antibiotiques après l’intervention

chirurgicale de Novembre ! Ils lui administrent à présent, par perfusion, un nouvel

antibiotique très puissant, et la traitent aussi avec des aérosols…

Je ne puis rien dire et ne dois chercher à exercer aucune influence : seul un

mouvement au-dedans de son être, de confiance en la Grâce, d’abandon positif à

Cela qui peut et sait, serait supérieur à cette impression de sécurité qu’elle éprouve

dans le milieu médicalisé qui lui est maintenant devenu familier.

Je ne puis qu’essayer de lui communiquer, autant que possible, le besoin d’intégrité

consciente, de courage et de liberté…