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faudrait même casser d’autres sections déjà bétonnées, parce que Piero veut
maintenant pouvoir faire entrer la machinerie de la climatisation par là – alors qu’il
savait que nous faisions ce travail tout le temps de son absence, et qu’il avait
même donné les tailles et mesures des fers… C’est plus que décourageant, cela
devient inacceptable, comme une folie mauvaise…
*13-11-1991, Auroville :
La première chose ce matin fut, avec l’aide de Toine, de clarifier au près de L.N
cette histoire de machinerie pour la climatisation de la Chambre, et de rétablir le
feu vert pour les travaux en cours…
… Roger A cet après-midi a manifesté une bonne volonté très ferme et plutôt droite
au cours de cette réunion autrement pénible des « partis » ; leurs allégations et
insinuations sont principalement dirigées contre Ramalingam et moi, une campagne
tout à fait vicieuse, et j’étais soulagé que Ramalingam se soit désisté et m’ait
demandé de le représenter, car je ne crois pas qu’il aurait pu rester calme ; quant à
moi, je me suis tu. Roger A a fait, je crois, de son mieux, même s’il ne peut se
rendre compte du danger même de certaines de ses paroles, qui ne manqueront
pas d’être interprétées ; il a d’instinct reconnu en Stuart le rôle pervers qu’il a joué
dans toute cette histoire et lui a asséné une leçon bien conduite…
… Avec ces hommes, cette équipe d’ »ouvriers », comme avec Ramalingam, et avec
mon Selvam, c’est vraiment une histoire d’amour – c’est le cadeau qui m’est donné
chaque jour, humainement…
*15-11-1991, Auroville :
Les pluies torrentielles des deux derniers jours se sont changées la nuit dernière en
une tempête formidable, qui a renversé et déraciné de nombreux grands arbres ; le
jardin est un désastre et un chaos ; les arbres de « Transformation », mes
compagnons depuis près de 20 ans, et plusieurs grands eucalyptus, ont été
abattus, brisant d’autres arbres dans leur chute…
Plusieurs lignes électriques ont été rompues ; je suis attristé, pas tant par les
ravages de la Nature – avec elle, on peut toujours recommencer), mais par cette
convergence de poussées destructrices…
… Il y a comme une honte, la honte de ne pas être uni : il y a encore le « je » !
Avant même que la tempête s’apaise, je suis descendu en vélo jusqu’à l’océan… Je
vois concrètement que rien ne change, que rien ne peut changer, tant que l’on n’est
pas devenu des canaux, des réceptacles, des habitats de la Présence ; jusque là on
est, au mieux comme au pire, les instruments des forces ; et au meilleur de la
condition humaine présente, dans le sens d’un réel effort conscient vers l’unité
intérieure, on est encore qu’une demeure vide ; consciente, peut-être, mais vide...
*16-11-1991, Auroville :
J’essaie de recouvrer au moins mon harmonie individuelle… C’est à chacun
individuellement qu’il incombe de trouver le courage et l’amour d’appeler l’harmonie
et de la manifester, si limité soit le champ de notre action ; et c’est là une tâche
que je n’ai pas encore appris à accomplir.
Je deviens démuni, désespéré ; je perd confiance, et tout s’annule ; peut-être parce
que je me rend compte de l’insuffisance de tous nos efforts, face au manque de Ta
Présence…