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*15-10-1991, Auroville :
Toute la matinée à marquer les ouvertures pour l’écoulement des eaux dans le
grand Réservoir sous la sphère, avec Asha qui ne cesse de se tromper dans ses
calculs – et c’est plein d’humour…
Toine n’est pas bien physiquement.
John H téléphone de Bombay qu’il revient demain avec A : un échec complet ! Les
symboles ne sont pas acceptables, malgré ces semaines de polissage, et devront
être entièrement refaits, ce qui repousse un certain état de réalisation de la
Chambre plusieurs mois en avant ; extérieurement, ce retard est dû à l’entêtement
mal inspiré de Piero. Mais il est difficile de ne pas penser que cela reflète assez
exactement l’atmosphère présente. Sri Aurobindo demande, exige un certain
progrès qualitatif avant que Ses vrais symboles puissent être mis en place.
*16-10-1991, Auroville :
Le problème de l’accès à la Chambre – de l’incompréhension de cela pour quoi cette
structure est créée, est très aigu, et génère quotidiennement des mouvements de
tricherie, de colère ou de rancœur ; la contradiction est si multiple et pernicieuse et
persistante que c’est comme une hydre vraiment ; aujourd’hui un incident avec LN
à qui beaucoup de gens en rapport avec l’Ashram s’adressent personnellement pour
avoir accès à la Chambre quand ils le veulent : une sorte de complicité entre l’ego
spirituel et cette voracité, cette convoitise d’un vital qui se prétend tourné vers le
Divin mais ne cherche qu’à se nourrir des forces en présence…
*17-10-1991, Auroville :
Aujourd’hui c’est la « Saraswati Puja ».
John H est revenu dans la nuit de Bombay, et mon Selvam cet après-midi des
Himalaya ; mon beau et doux Selvam, aminci, nettoyé…
Les ouvriers ont passé la journée à tout briquer, et c’était plus simple et plus
harmonieux que les autres années…
*18-10-1991, Auroville :
Mon Selvam m’a laissé des cadeaux dans la maison : une surprise qui m’a
beaucoup touché… C’est drôle, c’est avec lui que je ressens enfin cette vérité que
les humains ont appelé « amour »…
… La malhonnêteté est toujours une peine ; mais que des êtres ici, tout près de
Matrimandir, puissent intentionnellement, volontairement calculer, arranger,
organiser et poursuivre malhonnêtement leurs buts, et que cette petitesse puisse
non seulement s’introduire, mais subsister et agir, ici même, est une chose que je
ne parviens pas à assimiler… Et pourtant c’est un fait, indéniable : c’est là !
*19-10-1991, Auroville :
Aujourd’hui, avec la constatation physique de cette nouvelle trahison, de ces
mensonges écrits, institués et justifiés, j’ai éprouvé un ajustement de l’énergie :
assez d’être poli et patient, assez de prendre sur soi et d’endurer, de toujours
essayer de comprendre, d’accepter, de toujours intérieurement tenter d’absorber
les « vérités » qui semblent s’opposer – il y a ici, tout simplement, des êtres
vicieux, incapables de se donner ; et je ne sens plus de raison d’accepter…