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*26-9-1991, Auroville :
Les jours passent comme des nuages dans le ciel…
Arjun me dit que SSJ et Madanlal ont beaucoup apprécié ma note mais que, si SSJ
comprend bien, Madanlal, lui, reste persuadé qu’ils doivent se rendre à cette
invitation… on ne peut rien faire de plus, sinon se préparer à la prochaine phase
du… « processus » !
*27-9-1991, Auroville :
Une mauvaise nuit à me battre contre la toux et la fièvre ; c’est venu sans
avertissement, alors que je me préoccupais de ne rien avoir au foie !
Tout va de travers : gesticulations aberrantes de Bhavani et Narayana à l’entrée de
la Chambre, Durai qui prépare une organisation parallèle pour la réception des
visiteurs – l’horreur d’une mauvaise foi qui devient comme une armée de coalition à
l’envers, cette haine et ce fiel, et je ne trouve nulle part cette qualité de partage qui
soit à toute épreuve ; je vois, et je suis impuissant !
Et cet après-midi Dharman, qui a obstinément refusé de suivre mes instructions
pour la mise en forme du coffrage métallique du cylindre de l’escalier central, et la
méthode de vibrage – persuadé comme à son habitude qu’il sait mieux que tout le
monde et que je ne suis pas compétent -, nous met dans une situation difficile,
dont je serai évidemment tenu pour responsable : en cours de bétonnage les
panneaux se sont déformés en plusieurs endroits… Et il n’a toujours pas compris, et
préfère trouver une autre cause et la mettre sur mon dos…
*30-9-1991, Auroville :
C’est un état dégoûtant, de déséquilibre et de vulnérabilité dans le corps, qui reflète
ce qui se passe autour de Matrimandir : ces vilains jeux d’influence, ces petits
coups bas ; et il semble que je sois la cible déclarée… une fois de plus !
… J’ai du mal à absorber la nourriture ; le corps demande une soupe de légumes,
mais je n’ai pas de légumes, et je me refuse à demander à Su de s’en occuper…
*1-10-1991, Auroville :
Je n’ai pas comme Arjun ce goût de la vie, cette santé vitale qui trouve une joie
même dans la bataille (et parfois lui donne substance !) ; au point de vue de la vie,
je n’ai rien : c’est désert, c’est fini, c’est un vide qui attend – comme un exilé d’un
temps pas encore possible…
Il y a seulement, où et quand c’est suffisamment vrai, une tendresse, et un
sourire…
Pourquoi toute cette laideur autour de Matrimandir, ce rassemblement de
petitesses ? Pourquoi n’y a-t-il pas plutôt assez d’êtres qui travaillent au-dedans
comme au-dehors ?
C’est ainsi parce que le Seigneur le veut ainsi ?
Je sais bien que quoiqu’il arrive, quelles que soient les circonstances, la Nécessité
est la même.
Et non seulement il faut que le travail se fasse sur une base offerte de libre choix,
mais il faut qu’il implique et embrasse toute la gamme des degrés de
développement de l’âme humaine ; c’est ainsi que ce qui peut sembler injuste du
point de vue de l’individu est pourtant nécessaire à l’évolution d’une représentation
du tout (pour le mentaliser)…
Mais, quelle horreur !