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nécessité de ne pas répondre, de ne pas céder, et de s’accrocher au Vrai ; combien
nous sommes encore loin de la sécurité d’une orientation collective vérifiée… A
travers un premier échange infructueux avec Vinod – qui est assez déséquilibré – et
le dialogue effrayant qui s’est ensuivi entre lui et Ramalingam, l’ombre des
violences collectives propres à ce pays s’est soudain clairement projetée, à la
faveur de cet incident d’hier, qui n’est possible que par la juxtaposition de petites
malhonnêtetés, de lâchetés et de faiblesses ; le spectre de cette sorte de
conséquences s’est soudain inscrit…
… Su est passée ce matin ; elle vient de quitter Kenneth, et cherche encore un
signe en moi de son retour ici… Elle est bien adorable, mais il est clair pour moi
qu’elle doit trouver son chemin indépendamment de moi ; je reste tranquille,
comme une sécurité pour elle, quelque part…
… Selvam a appris que l’incident d’hier avait été prémédité par plusieurs personnes
qui avaient préparé une « pétition » et encouragé Durai à nous empêcher de
vendre la ferraille ; c’est cette torsion qui fait des gens ici des hypocrites et des
lâches, car aucun d’eux n’a même eu l’idée de simplement venir d’abord s’enquérir
auprès de nous des raisons de cette vente et de son ampleur (un amas de vieilles
armatures de lampes en aluminium tout cabossé, qui n’allait rapporter que 200 ou
300 roupies à réinvestir dans la construction)…
*16-9-1991, Auroville :
Nous sommes dans un tunnel ; il y a évidemment une pression destructrice,
« hostile », qui utilise tout, tous les points faibles, et coalise toutes les ombres ; et
certains êtres ici, insuffisamment développées, en deviennent les proies, et les
instruments redoutables… La moindre torsion, la moindre prétention, peut avoir des
conséquences désastreuses…
Mais il faut sourire : voir sans vaciller.
Il y a pourtant des choses qu’il est difficile d’accepter : cette duplicité obscurément
établie, ces courants obscurément nourris, jour après jour, qui attendent les
circonstances et les conditions favorables pour se joindre…
On s’en irait ailleurs, si ce n’était Matrimandir, Ton cadeau et Ton travail…
Le pied du mur, ou la porte du prochain devenir…
*17-9-1991, Auroville :
Je suis attentif à ce que Selvam et Ramalingam se remettent bien, et en avant, de
cette épreuve… Mais ce n’est pas fini ; Durai est très actif dans sa recherche de
soutiens politiques…
C’est une farce ; il faut maintenant faire un grand progrès.
Le pourquoi de ces marées d’antagonisme, de cette folie de rumeurs, n’est pas
accessible…
Il faut un mouvement vers, en, Sri Aurobindo…
… Réunion malaisée de Coordination cet après-midi : Yoke envoie une étrange
lettre de démission ; Toine est à Madras ; Ramalingam préfère rester sur la
structure à travailler physiquement ; John H est encore à Bombay ; nous ne
sommes donc que 5 et il y a d’abord l’impression d’un voile lourd, qui cherche à
défaire, à nous convaincre que c’est fini, que cette équipe doit être dissoute et que
le travail ne peut pas continuer à ce rythme, qu’il nous faut « lâcher »… C’est une
sorte de sensation superstitieuse très pénible et très fausse…
… Su est revenue habiter dans la maison de C ; je n’ai rien dit…