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*11-9-1991, Auroville :

Jérôme, qui veut construire sa maison à « Samasti », nous a finalement demandé,

à Ramalingam et moi, de s’occuper de tout – plans, études et construction…

*13-9-1991, Auroville :

Longue pluie tranquille la nuit dernière et jusqu’au matin, et cet état

d’émerveillement dans le jardin ; l’appel d’un temps sans horaires, d’un temps pour

regarder, être avec – les plantes, la lumière et les pierres, la voûte des grands

arbres… Mais au Matrimandir c’est u champ de boue et les gestes se font au ralenti,

chaque manœuvre est compliquée…

*14-9-1991, Auroville :

Un incident, qui dégénère en une scène méchamment explosive, l’une de ces

percée purement destructives qui peuvent survenir à tout instant si nous ne

sommes pas constamment centrés, à propos de la vente, que Selvam organisait, de

toute la ferraille inutilisable dont il faut se débarrasser ; Durai s’ouvre à une force

obscurément provocatrice et mensongère une fois de plus et, par ses accusations et

son langage et l’intention même de cette force, parvient à susciter une série de

réactions en Ramalingam qui se laisse entraîner et en vient aux coups… Tous les

ouvriers sont présents, et il faut agir immédiatement pour enrayer ce processus ;

Vinod et Gajendran s’en mêlent et répandent cette atmosphère maintenant connue,

de laideur et de petitesse haineuse qui est devenue au cours des années l’un des

traits distinctifs de la situation humaine autour de Matrimandir…

Il faut des heures, ensuite, pour rappeler Ramalingam à un sens et une perspective

plus profonds, et à la nécessité d’un vrai courage et d’une vraie réponse – il doit

faire une apologie publique - ; Arjun m’aide beaucoup ; il lui parle exactement du

même point de vue plus intérieur et depuis la même perception, et les mots sont

ceux là mêmes que j’aurais souhaités…

… En fin de journée, un long moment avec Charudatta ; c’est un jeune Indien

brahmine de Goa, excellent peintre, que j’avais brièvement rencontré à l’Ashram, il

y a quelques mois : un être très sensible, gentil, assez perdu, avec un

développement complexe – beaucoup de potentiel, mais aussi les dangers, les

faiblesses et l’ouverture passive de ceux qui n’ont pas encore la force intérieure de

s’engager et restent à la merci de la confusion des valeurs, dans la rencontre de

l’Inde avec l’Occident… Il reste longtemps ici avec moi, et parle librement ; il est

honnête dans ses tâtonnements ; puis il chante un Raga pour moi, avec une très

belle voix, et une vraie intensité…

… Je passe toute la soirée jusque tard dans la nuit à dessiner les plans et les

perspectives de la maison de Jérôme ; ce n’est pas en soi un projet très

intéressant, car il doit, ou veut se conformer au style des maisons de « Samasti »,

et la conception qu’il a de ses besoins est encore assez conventionnelle ; je le fais

essentiellement pour Ramalingam, qui souhaite s’occuper de la construction ; et

cela m’oblige à être créatif là où on n’espère plus l’être… !

*15-9-1991, Auroville :

Je viens de toucher concrètement à certains des dangers qui font pression de

manière latente sur l’entreprise d’Auroville, et particulièrement de Matrimandir – et

combien effective est la Grâce qui neutralise sans cesse leur déploiement ; cela

rend sobre de constater ainsi combien chacun de nous est encore seul devant la