LA CRISE DE LA CRIMINALITÉ ENVIRONNEMENTALE - page 61

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Criminalité forestière
Les revenus du trafic d’espèces sauvages semblent bien infimes comparés à ceux engendrés par la
criminalité forestière. Cette dernière, qui comprend notamment l’exploitation illégale des forêts,
a été estimée entre 30 et 100 milliards de dollars US par an, soit 10 % à 30 % du commerce
mondial de bois. Dans certains pays tropicaux, de 50 % à 90 % du bois proviendraient de sources
illégales ou auraient été exploités illégalement. Le pillage des forêts semble prendre quatre formes
distinctes : 1) exploitation illégale d’essences forestières de grande valeur en voie de disparition
(recensées par la CITES), notamment le palissandre et l’acajou ; 2) exploitation illégale du bois
d’œuvre pour sa transformation en bois de sciage, bois de construction et mobilier ; 3) exploita-
tion illégale et blanchiment de bois par le biais de plantations et de sociétés écrans pour alimenter
l’industrie du papier ; 4) utilisation du commerce lié au bois énergie et au charbon de bois, très
peu réglementé, afin de dissimuler l’exploitation illégale des forêts (protégées ou non), développer
une stratégie d’évasion et de fraude fiscales et fournir des combustibles sur le marché informel.
Criminalité forestière
L’exploitation et le commerce illégaux de la flore, dont l’exploita-
tion illégale des forêts, ont été estimés entre 30 et 100 milliards
de dollars US par an, soit 10 % à 30% du commerce mondial de
bois
118
. Dans certains pays tropicaux, de 50 % à 90 % du bois
proviendraient de sources illégales ou auraient été exploités illé-
galement
119
. Outre le commerce illégal de plantes sauvages récol-
tées à des fins ornementales et médicinales, le commerce illégal
de la flore semble prendre quatre formes principales :
1. exploitation illégale d’essences forestières de grande valeur en
voie de disparition, notamment le palissandre et l’acajou (dont
un grand nombre sont désormais recensées par la CITES) ;
2. exploitation illégale de bois d’œuvre pour sa transformation
en bois de sciage, bois de construction et mobilier ;
3. exploitation illégale et blanchiment de bois par le biais de planta-
tions et de sociétés écrans pour alimenter l’industrie du papier ;
4. utilisation du commerce lié au bois énergie et au charbon de
bois, très peu réglementé, afin de dissimuler l’exploitation
illégale des forêts (protégées ou non), développer une stra-
tégie d’évasion et de fraude fiscales et fournir des combus-
tibles sur le marché informel.
La criminalité organisée est également associée au trafic et à la
contrebande d’essences forestières en voie de disparition et recen-
sées par la CITES, telles que le palissandre (
Dalbergia
) et quelques
variétés d’acajou, qu’il s’agisse de la collecte du bois ou de sa distri-
bution en grande quantité par voie maritime
120
. Une grande partie
du bois exploité ou commercialisé illégalement n’est, soit pas
considérée ou identifiée comme produit de contrebande par les
autorités douanières, soit déclarée comme légale, soit mélangée au
papier et à la pâte à papier. Plus de trente méthodes d’exploitation
illégale et de blanchiment du bois ont été identifiées, notamment
la falsification des permis d’exploitation, le paiement de pots-de-
vin en échange de permis d’exploitation (pouvant parfois atteindre
de 20 000 à 50 000 dollars US), l’exploitation forestière en dehors
des concessions, le piratage de sites Internet publics afin d’ob-
tenir des titres de transport pour pouvoir transporter le bois ou
accroître le volume transporté, le blanchiment du bois d’origine
illégale grâce à la construction de routes, d’exploitations agricoles,
de plantations de palmiers à huile ou forestières, et le mélange
du bois d’origine légale et illégale au cours du transport ou dans
les scieries. L’acheminement de volumes importants de bois d’ori-
gine illégale par l’intermédiaire de plantations légales, à l’étranger
ou par le biais de scieries, constitue un autre moyen efficace de
blanchiment du bois. Dans certains cas, les exploitants mélangent
le bois d’origine illicite à un volume de bois officiel de 3 à 30 fois
supérieur, ce qui relève également de la fraude fiscale. Nombre de
ces opérations illégales incluent le paiement de pots-de-vin aux
agents forestiers, au personnel de police et militaire et même de
redevances aux chefs de village
121
.
Des réseaux de plantations et de sociétés écrans de production de
pâte à papier et de papier sont souvent utilisés pour contourner
les moratoires sur l’exploitation forestière sous prétexte d’investis-
sements dans l’agriculture ou l’huile de palme. Il en va de même
pour les sociétés holding établies dans les paradis fiscaux et les
sociétés écrans, destinées à contourner ce type de moratoires de
manière délibérée et systématique, sous couvert d’aménagement
de plantations, et pour en dissimuler les véritables propriétaires
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