Quelle ville?

aurait par exemple plus de domestiques, mais des services d’entretien opérés par les habitants eux-mêmes.

Cependant l’on ne pouvait ignorer la pauvreté économique environnante et refuser aux villageois qui le souhaitaient l’opportunité d’améliorer un peu leur quotidien ; mais, femmes ou hommes, le niveau d’éducation était si rudimentaire qu’ils ne pouvaient être utilement employés que, justement, pour des tâches qui sont généralement réservées à des serviteurs, des domestiques, des subalternes. N’allait-on pas, par la force des circonstances – et celle des habitudes – reproduire les perpétuels clivages ? De plus, en déléguant ainsi une grande partie des tâches matérielles et pratiques, le champ de la recherche s’amenuisait et les possibilités d’atteindre une conscience collective réellement supérieure et plus intégrale se réduisaient d’autant. Il faudrait donc s’efforcer d’allier à cet « arrangement » social mutuellement profitable une exigence d’authenticité, de fraternité et, dans la mesure du possible, aménager des accès à une éducation pratique permettant à ces « employés » d’acquérir une certaine liberté de choix et d’orientation.

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Dans l’Inde entière, la famille est une entité complexe aux nombreuses ramifications qui détermine plus qu’ailleurs les choix et la conduite personnels de chacun ; une famille ordinaire peut compter des dizaines de membres qui, malgré toutes sortes de querelles et de fâcheries, demeurent solidaires les uns des autres. Parmi les premiers des villageois qui s’étaient joints à l’aventure, peu l’avaient choisi délibérément ; de jeunes adolescents qui, vivant à l’école l’expérience de grandir ensemble dans une atmosphère vibrante avec des enfants venus de bien loin et d’apprendre et d’absorber un peu de

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