Quelle ville?

l’immensité du monde, avaient demandé à rester, à s’engager, à trouver leur place et leur fonction ; ou c’était une mère abandonnée, rejetée par son mari et sa caste, ou veuve, qui, ayant connu une autre qualité de relations dans l’espace du travail, trouvait refuge et une raison de s’épanouir et de regagner la dignité. Ou ce pouvaient être des hommes jeunes qui, par leur travail d’équipe avec les pionniers, s’étaient attachés à cette vie si différente et si ouverte et, par le fait et par l’acte du quotidien plutôt que par l’effet d’une décision raisonnée, s’étaient adaptés et développés uniquement. Mais aucun n’était oublié : leur comportement était observé, étudié, commenté, apprécié de jour en jour et d’année en année – dans quelle mesure leur vie était meilleure, quelle était l’influence de ces mœurs étrangères, seraient-ils vraiment intégrés, ou finalement rejetés, oublieraient-ils les leurs, que pourraient-ils faire pour eux ? Au fur et à mesure que se confirmait, malgré tous les aléas perceptibles, les menaces de défaite et de débandade et les rigueurs des conditions matérielles, l’existence réelle, parmi eux, de cette aventure – la construction, l’élaboration d’une ville entière, de tout un monde, là, juste à côté d’eux, devant eux, et peut-être avec eux -, les villageois développaient des attitudes parfois divergentes, selon les natures et les caractères individuels. Il y avait déjà tous ceux, hommes et femmes, qui se joignaient quotidiennement à un chantier, un atelier, une entreprise, une maisonnée, parmi lesquels un certain nombre s’orientait vers l’intégration – être accepté comme membre de la communauté à temps plein. Ces ouvriers, ces assistants, offraient une attentive adaptabilité, une réceptivité dans l’apprentissage de nouveaux savoir-faire, une plasticité de *

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