Quelle ville?

Alors, comment le corps collectif allait-il répondre, absorber, énergiser cette incompréhension revendicatrice ? La création d’organes communs, de services communs, d’activités communes, de réfectoires, de terrains de jeux, d’ensembles résidentiels, afin d’encourager le mélange des cultures et de dépasser leurs habitudes respectives de penser, de juger, de comparer, d’apprécier, d’évaluer, afin de transcender ensemble les sédiments du passé : cette direction semblait la seule acceptable et souhaitable.

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C’est le rêve de chaque architecte bourgeonnant de pouvoir disposer d’un grand projet d’habitat, pour exprimer et concrétiser sa compréhension et son inspiration particulières des formes, des harmonies et de leur juste usage. Parmi les habitants, plusieurs avaient déjà, avant même leur arrivée, suivi une formation professionnelle et, s’ils n’avaient eu l’occasion immédiate de la mettre en pratique et s’étaient consacrés à d’autres activités plus pressantes, n’avaient cependant pas oublié leur vocation. La moindre occasion d’imprimer leur signature dans des formes visibles et viables au service de la communauté était une aubaine. Formuler un projet spécifique, identifier son financement, le présenter à la communauté – et le réaliser : chaque étape semée d’obstacles, de fatigues ou de discordes, mais aussi de leçons pratiques d’élargissement, d’acceptation, de nouvelles perceptions et compréhensions, venait composer une sorte d’épopée singulière.

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