Quelle ville?

La communauté ne disposait d’aucun capital pour bâtir des ensembles résidentiels à l’avance ; les groupes d’études et de planification qui tentaient, avec un succès relatif, de fonctionner de manière cohérente autour du modèle de R. décourageaient désormais tout développement individuel sur le terrain réservé à la ville et toute initiative qui ne puisse s’inscrire dans leurs définitions. Un autre groupe se constitua pour la gestion de toutes les habitations existantes ou futures, au nom de la communauté ; devant l’afflux des demandes et des besoins et la pénurie du fonds commun (nul ne pouvait forcer les individus mieux nantis à donner à la communauté plus qu’ils ne le voulaient), ce service tenta d’identifier des solutions financières viables, tout en maintenant le principe de non-propriété – par exemple, en intéressant de futurs habitants à mettre ensemble leurs économies afin de couvrir les coûts d’une nouvelle construction résidentielle collective. Et ainsi, par une sorte d’érosion pragmatique, les mentalités ordinaires regagnèrent une légitimité : les valeurs marchandes ressuscitèrent et ce qui était des créations inappréciables, parce que offertes et aimées et utilisées avec reconnaissance, devint de l’habitat mesurable et quantifiable : « cette maison-là vaut tant sur le marché ».

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L’un des objectifs de cette aventure est l’émergence d’une organisation collaborative dont chaque part et chaque membre tâche de devenir conscient de l’ensemble tout en se donnant à sa portion de travail et de responsabilité avec l’attitude du karma-yogin – son lien individuel d’action offerte à la conscience de vérité. Pour progresser effectivement vers cet objectif, il faut évidemment traiter avec toutes les tendances contradictoires et exclusives de notre humanité :

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