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singes décède à la suite de blessures, de maladies ou des mauvais trai-
tements qui leur sont infligés au cours de leur captivité, et il convient
d’ajouter ces chiffres à ceux des grands singes abattus lors de séances
de chasse. En outre, seul un faible pourcentage des grands singes ven-
dus sur le marché noir est sauvé, et même les estimations les plus
conservatrices révèlent que les populations sauvages sont victimes de
pertes importantes, qui varient en fonction de l’espèce concernée.
ESTIMATIONS
Les préjudices provoqués par la chasse et le trafic illicites de grands
singes sont extrêmement importants en ce qui concerne les popula-
tions sauvages. Les chiffres relatifs aux chimpanzés, gorilles, bonobos
et orangs-outans ayant été confisqués ne nous renseignent que vague-
ment sur les pertes que ces dernières subissent. Une partie des grands
La nature solitaire des orangs-outans limite le nombre de décès
lors de la capture de chaque individu en bas âge – seule la mère
périt en général, même si certaines études indiquent que, pour un
orang-outan qui survit, six à huit individus périssent en captivité. Les
orangs-outans ont un rythme de reproduction très long, puisqu’on
recense une naissance tous les six à huit ans seulement. De plus,
de nombreuses populations à l’état sauvage vivent dans des forêts
fragmentées et isolées. Selon une étude portant sur la population
d’orangs-outans sauvages de Kalimantan, à Bornéo, la disparition de
la mère lors de la capture représente une perte de 3 à 4 % du nombre
total de femelles en mesure de se reproduire dans la région, ce qui
peut entrainer la population sauvage dans une spirale descendante.
Les cellules familiales de bonobos sont de plus en plus accessibles
aux chasseurs de viande de brousse. La structure sociale des com-
munautés de bonobos à l’état sauvage est grandement similaire
à celle des chimpanzés, ce qui en fait des proies faciles pour les
chasseurs en quête de nourriture ou d’individus en bas âge. Il ne
resterait désormais plus que 20 000 bonobos, retranchés dans des
îlots forestiers en RDC, et ce nombre ne cesse de décliner. La chasse
intensive pourrait à terme entrainer leur extinction.
Le taux de mortalité des gorilles qui entrent dans le circuit du com-
merce illicite est probablement plus élevé que celui des autres grands
singes, notamment en raison de la plus grande fragilité des gorilles
en bas âge, lorsqu’ils sont soumis au stress ou à la maladie, et de
la fréquence des décès lors du transit. Un sanctuaire de gorilles,
au Congo, signalait dans les années 1980 que 80 % des gorilles en
bas âge et ayant été sauvés, finissaient par mourir en captivité. Ces
chiffres semblent indiquer que, pour un individu qui survit, quatre
autres périssent. À chaque décès il faut également ajouter celui des
deux parents, qui a eu lieu lors de la capture. Par conséquent, pour
chaque survivant en bas âge qui réchappe au trafic, 15 gorilles auront
potentiellement péri.
En raison de la structure sociale et de la taille des communautés
de chimpanzés, les chasseurs abattent souvent des familles entières
pour se procurer de la viande de brousse lorsqu’ils cherchent à cap-
turer un individu en bas âge. D’après une étude sur les pratiques de
capture des trafiquants d’espèces sauvages en Afrique de l’Ouest
dans les années 1970, cinq à dix chimpanzés seraient tués pour l’ob-
tention d’un individu vivant en bas âge.
Chimpanzés : 1 individu confisqué – décès de 5 à 10 adultes
Gorilles : 1 individu confisqué – décès de 2 adultes
Bonobos : 1 individu confisqué – décès de 5 à 10 adultes
Orangs-outans : 1 individu confisqué – décès d’1 adulte