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Les sanctuaires et centre de réhabilitation en Afrique et en Asie

jouent un rôle vital dans la lutte contre le trafic de grands singes.

Ces structures collaborent étroitement avec des agents de la force

publique et prodiguent des soins permanents aux singes qui ont été

confisqués aux trafiquants.

Le taux d’accueil des grands singes au sein de ces structures est

élevé, ce qui indique que le commerce illicite continue de sévir. Cer-

tains sanctuaires gardent des singes confisqués comme éléments de

preuve, dans le cadre de jugements d’affaires de contrebande, ou dé-

livrent des expertises. Ces actions ont permis aux officiers de police,

agents des douanes et autorités de protection de la vie sauvage de

poursuivre des trafiquants.

En Afrique, l’Alliance panafricaine des sanctuaires de primates

(PASA) regroupe 22

structures, réparties dans 12 pays. Celles-ci

accueillent au total plus de 1

150

chimpanzés, gorilles et bonobos

confondus, rescapés du trafic. Si certains sanctuaires ont ouvert

leurs portes il y a plus de quarante ans, la plupart d’entre eux a été

créée dans les années 90, pour faire face à la crise découlant de l’es-

sor de la chasse à la viande de brousse et du marché noir.

Selon une enquête réalisée en 2007, 57 nouveaux chimpanzés ont été

accueillis chaque année, en moyenne, par les sanctuaires PASA entre

2000 et 2006. Une grande partie d’entre eux a vu le jour dans un

milieu sauvage et a été recueillie suite à des saisies (Faust

et al.

, 2011).

Quatre des sanctuaires PASA accueillent plus de 100 chimpanzés par

structure. Tous ont atteint ou frôlent la capacité maximale d’accueil et

sont confrontés à des difficultés liées aux coûts croissants des soins

que requièrent les grands singes. Un grand nombre de ces sanctuaires

se trouve également dans des régions d’Afrique en proie à l’instabilité

politique et aux troubles sociaux. Un sanctuaire en Sierra Leone a été

le théâtre de combats majeurs entre les forces gouvernementales et

les armées de rebelles lors de la guerre civile (1991 – 2002), et des im-

pacts de balle y sont toujours visibles. Par miracle, aucun chimpanzé

et aucun membre du personnel n’a été blessé pendant ces combats.

Des sanctuaires PASA au Congo, en RDC et en Guinée ont également

traversé des années de guerre et de troubles sociaux.

Au sein des sanctuaires, la reproduction est interdite, et les nouveaux

arrivants sont essentiellement des individus confisqués qui sont nés en

milieu sauvage. Environ la moitié des sanctuaires PASA participent à

des programmes de réintroduction, conformément aux recommanda-

tions de l’UICN (Beck

et al.

, 2007). Plus de 100 chimpanzés (en Guinée

et au Congo), de gorilles (au Congo et au Gabon) et de bonobos (en

SANCTUAIRES POUR LES GRANDS SINGES

RDC) ont déjà été réintroduits avec succès dans leur milieu naturel. La

réintroduction reste toutefois un processus complexe, onéreux et extrê-

mement difficile. Seule une faible proportion des grands singes des

sanctuaires pourra en effet retourner dans la forêt, et la réintroduction

constitue davantage une solution complémentaire – plutôt qu’une solu-

tion de remplacement – aux mesures de conservation traditionnelle.

Les sanctuaires africains qui ne relèvent pas de la PASA accueillent

aussi un pourcentage important des populations de grands singes

confisqués. Deux structures d’accueil de gorilles ont ainsi été récem-

ment créées dans l’est de la RDC : GRACE (qui abrite des gorilles des

plaines de l’est) et Senkwekwe (qui abrite des gorilles des montagnes).

Au total, environ 120 grands singes sont actuellement hébergés par ces

sites, que l’on trouve au Gabon, au Cameroun, en RDC et au Libéria.

Les zoos remplissent également le rôle de centres d’accueil pour les

animaux ayant été confisqués dans les nombreux pays africains où il

n’existe pas de sanctuaires. Environ 60 grands singes sont présents

dans des villes telles qu’Abidjan, Kinshasa, Brazzaville, Port Gentil et

Kumasi. Le niveau des soins au sein de ces structures reste toutefois

inférieur aux normes en vigueur, et les taux de mortalité y sont élevés.

En Asie du Sud-Est, il existe cinq centres de réhabilitation qui consti-

tuent les principales solutions pour l’apport de soins aux orangs-outans

en captivité. Ces structures représentent également un soutien impor-

tant aux efforts d’application de la loi en ce qui concerne les confisca-

tions d’orangs-outans. Elles accueillent plus de 1 300 orangs-outans au

total, et le plus important centre d’accueil est celui de Nyaru Menteng,

à Bornéo, qui compte plus de 600 pensionnaires. Ces centres ne par-

viennent cependant pas à faire face à l’expansion très rapide de l’agro-

industrie et de la déforestation – activités qui alimentent le commerce

illicite d’espèces sauvages. Comme en Afrique, les centres de réhabi-

litation de Bornéo et de Sumatra axent de plus en plus leurs efforts

sur la réintroduction en milieu sauvage, afin de mettre l’accent sur la

protection des forêts. En 2007, le gouvernement indonésien a élaboré

un plan d’action appelant à la fermeture de tous les centres de réhabi-

litation d’ici 2015, ce qui a eu pour conséquence d’accélérer le rythme

de relâche et de réintroduction des orangs-outans. À l’heure actuelle,

environ 2 000 orangs-outans ont été relâchés dans la nature.

Le taux d’accueil des grands singes au sein

de ces structures est élevé, ce qui indique

que le trafic continue de sévir.