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*9-3-1993, Auroville :
Il est temps d’informer Arjun de ce qui s’est passé avec I, ce que I redoute
beaucoup, ainsi que VK ; elle et Toine souhaitent que je sois le premier à lui en
parler…
C, R et moi partons à Madras vers 16 h.
C’est une pagaïe à l’aéroport, et leur avion est plus que complet ; je les
accompagne jusqu’aux douanes, et C est très brave !
*10-3-1993, Auroville :
J’ai encore de la fièvre, et le soleil tape très dur !
Et je reçois une lettre de F.G, jointe à la copie d’une lettre ouverte – qu’il a renoncé
à publier dans les « Auroville News » par une sorte d’égard tardif envers le travail
qui se fait au Matrimandir -, à mon sujet.
C’est un réquisitoire qui me présente comme un asura assoiffé de pouvoir, qu’il a
bâti sur des déformations et interprétations de faits et de paroles reçues : Tu
m’aurais ainsi interdit à jamais d’être ici ; j’aurais attendu Ton départ physique
pour revenir quand même et exercer mon influence ; Satprem lui-même m’aurait
décrit comme un « petit serpent », etc.
Cela m’a fait comprendre que F.G a probablement été à l’origine d’un certain
nombre de rumeurs qui m’ont harcelé au cours des années, se réclamant pour cela
d’une courte période d’amitié que nous avons connue à Pondy en 1970… Je suis si
lent, ou idiot, ou naïf, ou si préoccupé de distinguer en moi-même ce qui contribue
à tout ce drame, que je n’y avais jamais réfléchi…
Alors, en fin de journée, j’ai rédigé à la machine à écrire une réponse assez brève,
relatant particulièrement ce moment où Tu as choisi de me donner l’ordre de
partir ; comme si le temps était venu de défaire cette formation…
*11-3-1993, Auroville :
La fièvre a augmenté, et ce n’est guère pratique : j’oublie les choses, et me trouve
embarrassé…
La nouvelle équipe de tailleurs de pierre est arrivée ce matin et s’est installée sur le
site, avec outils, matériaux et batterie de cuisine…
Aujourd’hui j’ai un peu regretté d’avoir mis dans les « Auroville News » ce texte sur
la perspective de notre travail à Auroville : n’est-ce pas prétentieux ?
Probablement, après cette attaque de F.G, c’est le souhait de passer plutôt
« inaperçu » et de n’attirer aucune attention qui me fait sentir ainsi… ?
*14-3-1993, Auroville :
Cette fièvre ne me lâche pas, et ça devient pénible et nerveusement fatigant…
… Madhav Pandit quitte son corps, à Madras…
*15-3-1993, Auroville :
Hier soir, pendant que Su était sortie, un voleur est entré dans la maison de C et
prit son argent, sa caméra, et une machine à faire des jus de fruits ; puis il est allé
à la maison de Myriam et, à l’aide d’un long crochet au bout d’un bâton, s’est
emparé de son sac…
… Je me sens comme pris dans un étau, à la dérive : il y a une dépression
physique, et la fièvre continue ; c’est le même vieil adversaire, cet abandon négatif