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*15-2-1994, Auroville :

C’est parfois comme une implosion, parfois comme une débandade… Des torsions

de tous les côtés, des écarts qui se durcissent…

… Toine et moi passons la soirée avec Madanlal…

… J’essaie d’aider Anand à acheter un tout petit bout de terrain dans le village de

Kottakarai, où il pourrait éventuellement se construire une hutte…

*16-2-1994, Auroville :

Encore une réunion bien exigeante entre Arjun, Toine, John H et moi d’une part et

Madanlal et SSJ de l’autre, durant laquelle nous abordons directement les questions

difficiles, après la récidive du Secrétaire, Tripathy, exigeant la liste complète des

donateurs… L’affection pourtant demeure, et peut-être même la possibilité de

continuer de marcher ensemble… Mais il faut voir : les prochains jours seront

déterminants…

… Mon tour de garde ce soir, avec C ; et bientôt, JYL et John H nous rejoignent…

*17-2-1994, Auroville :

Etude sur le chantier, avec Roger A, Jacq et Asha, des nouveaux travaux que nous

pouvons en principe commencer… Le climat entre nous est encore pour le moins

réservé, mais il reste toujours ce fait inaltérable, avec certains êtres, de

l’engagement envers Toi, qui endure tout, et constitue peut-être peu à peu la seule

base durable et solide de l’unité humaine…

… Madanlal est secoué, mais affectueux ; il demande à ce que nous poursuivions

ensemble…

*19-2-1994, Auroville :

C et moi sommes partis dans la nuit pour retrouver R à l’aéroport, et sommes

rentrés vers 9 h 30 ce matin…

… Le tapis de laine de la Chambre est arrivé… Mittel et son équipe, qui ont mis 6

mois pour le tisser, vont rester ici le temps de l’installer ; nous les aidons à dérouler

les énormes rouleaux, que Mittel devra couper sur place en douze triangles…

*20-2-1994, Auroville :

Narayana me donne beaucoup de mal, sa haine qui me poursuit jusque dans la

Chambre, comme une sangsue dont l’action s’amplifie dans cet espace… Il me faut

trouver la leçon de cette incroyable persistance, au-delà de ce qu’elle reflète de son

propre déséquilibre ; cela crée en moi une sorte de dépression douloureuse, et un

peu dangereuse pour le corps, et j’ai dû lutter toute la nuit jusqu’à l’aube pour

identifier l’utilité de la pression qui agit au travers de cette grimace : il y a,

évidemment, cette semence d’ambition en moi, qui trouve encore la place de se

terrer et de se nourrir, quelle que soit la « bonne volonté » des mouvements

choisis ; et c’est cela qu’il faut extirper, et c’est pour cette action que je dois être

capable de remercier cette hostilité si laide… Mais tout de même, ce n’est plus

possible d’accepter, de légitimer la présence de ce rictus venimeux, jour après jour,

sans relâche…