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*13-4-1991, Auroville :
Ce sont des journées fastidieuses.
Je n’ai pas de perception claire de ce qui se passe.
Il y a des moments de Pression presque impérative ; mais l’effet le plus proche
dans ma conscience physique oscille entre l’évanouissement ou une sorte de
transe, et la suffocation, ou même presque comme un mouvement de colère qui
voudrait écarter toute cette confusion, cette constante imposition du mental et de
son « droit » à présenter ses idées, ses trucs, sa panacée…
La chaleur aussi est lourde ; une grande partie de l’énergie physique est mobilisée
pour simplement rester debout et continuer de s’occuper des choses et du travail à
faire…
*14-4-1991, Auroville :
Tamil New Year…
Je commande à Velu une broderie très élaborée sur un châle que je veux envoyer à
C pour sa fête le 6 Mai.
*15-4-1991, Auroville :
John H rentre de Bombay ; le travail de dorure des symboles prendra à peu près 6
semaines ; son impression, dit-il, est que l’on peut faire toute confiance à Wadia ;
Arjun est très en colère…
… Le relevé pour l’excavation des 12 Pétales doit commencer demain ; restent
plusieurs questions de logistique, qui devront se résoudre dans le mouvement…
*16-4-1991, Auroville :
Je me suis fâche avec Ramalingam ce matin, pour qu’il mette son attention dans
l’équipe ; puis c’était doux, et actif…
… Nous avons dû nous rendre à la Nursery cet après-midi où un autre incident
violent venait de se produire : Gnanivel a violemment poussé le contremaître,
Sundarmurthy, hors de sa maison… Tous les ouvriers nous attendaient pour
« rendre justice »… Les facteurs qui contribuent à de tels conflits sont ici
exceptionnellement situés et éclairés ; il n’y a jamais de solution à toute épreuve ni
de méthode vérifiée. Et s’ajoute à cela la difficulté d’agir en groupe, de servir en
groupe une action un peu vraie, et exacte. Chacun apprend finalement à suivre ses
propres perceptions tout en acceptant et respectant la complémentarité de l’autre,
et la tension se dissipe, et quelque chose d’un peu nouveau affleure dans le cœur…
Mais c’est dans la multitude des gestes quotidiens qu’il faut apprendre à préserver
cette possibilité, à la nourrir et lui donner toujours plus de place…
En Auroville s’est ajouté aux castes, aux classes et aux distinctions ataviques et
culturelles un « nouveau » statut, celui d’ « Aurovilien » : et, potentiellement, c’est
à la fois un piège effrayant, et le passage le plus direct peut-être à une
compréhension plus vraie du monde, de l’humain, et de l’identité véritable de
chaque individu au sein du Tout…
Mais trop, trop souvent, c’est le piège qui tend à se refermer ; il faut une vigilance
et une exigence de tous les instants…