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Individuellement, la première réalisation est simple et presque physique : après des
âges de résistance, d’errance et de marchandage, on se fabrique un centre relatif
qui ne servira ultimement que de tremplin : le moment vient et on se tourne Là.
Comme un gymnaste on s’accroche à la Force, et on se rétablit Là.
On ne veut plus rien que Cela : que Cela soit.
Un abandon orienté.
Mais comment atteindre cette première réalisation collectivement, dans l’action ?
Dans le mouvement des énergies il semble y avoir depuis quelques temps une
convergence ; c’est ainsi qu’il est devenu possible de reprendre le travail de
Matrimandir dans tous ses aspects. L’activité a décuplé au cours des derniers mois
et, à mesure que se déblaie le chemin, on avance.
C’est une avance qu’il est difficile de définir avec précision : un tracteur neuf qui
remorque un morceau de colline, un chargement de marbre doux comme du lait,
deux bétonnages en un jour à deux points différents de la structure, ou
l’apaisement d’une querelle entre deux ‘ouvriers’ (ces hommes qui savent sourire et
laisser couler l’énergie dans les corps)…
Je ne sais pas si Matrimandir est une réponse directe à la souffrance de tous ceux
qui suffoquent ou sont opprimés, ni aux maux dont la Terre est victime dans cet
âge mentalisé jusqu’à l’échec.
Mais c’est un canal de la Réponse à ceux qui savent du dedans et d’en haut que
nous sommes au point d’une nouvelle Naissance ; et qu’ainsi seulement un autre
Regard révèlera les moyens et les chemins d’une harmonie progressive qui
englobera tout dans sa réalisation physique.
Alors il faut aider. Aider le monde vrai, la vraie matière.
La vérité du monde ne deviendra pas plus accessible à force de discours et
d’idéaux, de méditations et de bonnes intentions.
Il faut que s’établissent des lieux physiques où la Force vraie puisse couler en toute
sécurité : des percées de la trame, dont rien de moindre ne puisse s’emparer.
Matrimandir, après le Samadhi de Sri Aurobindo, est un tel, premier lieu.
Un lieu indispensable.
Alors que nous sommes tous nivelés au plus commun dénominateur, ce qui endure
et persiste et marche n’a plus rien d’héroïque ni de romantique.
Cela voit, et accepte le pire comme le meilleur et Cela nous apprend à continuer
dans la grisaille d’une substance générale qui est à a fois une agonie et un
balbutiement…
Divakar. »
*28-7-1991, Auroville :
Visite ce matin de N, plus désespéré que jamais ; il s’est fait battre par ses voisins ;
sa femme est partie ; il s’accroche à ses deux enfants, parle de mourir avec eux…
Je ne peux plus rien pour lui ; il a demandé à ce que je le prenne dans mes bras un
moment…