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… Depuis l’adolescence de ce corps j’ai eu à travailler pour contrôler, maîtriser ou

harmoniser cette sorte de désordre, et peut-être s’agit-il d’une malformation de

naissance ; je soupçonne que, si je m’en étais ouvert à la science médicale, j’aurais

dû suivre un chemin différent ; mais c’est celui de la conscience que je veux

poursuivre…

Où est, quel est le vrai sens ?

*9-7-1991, Auroville :

Tous ces jours-ci je me cogne et me blesse, mes gestes sont imprécis…

Depuis deux jours, sans raison extérieure apparente, un point d’infection s’est

déclaré au bout de mon annulaire droit. Je suis rentré ce soir avec de la fièvre, et le

sentiment du corps est d’être battu injustement. J’ai utilisé la pierre noire pour tirer

l’infection, et c’était douloureux… Il y a maintenant un ganglion à l’aisselle droite…

*10-7-1991, Auroville :

Levée et mise en place de la 10

ème

colonne.

L’un de nos ouvriers, le conducteur du char à bœufs, a eu hier soir un grave

accident, au retour d’une longue course.

La fièvre a monté ; tout le corps est mal à l’aise et le pouls est tout à fait

désordonné, d’extrêmement rapide à presque imperceptible tant il se ralentit, en

l’espace d’une minute… Je me sens idiot, et inutile…

*15-7-1991, Auroville :

L a choisi de venir ici après le travail ; avec une sorte de tendresse physique

joyeuse, sans réserves ; plus d’une heure ainsi dans une détente reconnaissante,

presque un repos profond, parce qu’il y a là une réciprocité sans complication…

*17-7-1991, Auroville :

Le procès de Selvam à la Haute Cour de Madras : les conséquences de ses années

avec D.P…

J’ai appelé Jaïraman ce soir, pendant mon tour de garde ; toute la semaine dernière

il a battu Bhoomadevi et leur fille Vijaya, et Bhoomadevi était venue s’en plaindre

à moi ; ce matin, il était tellement ivre qu’il était incapable de conduire le tracteur ;

Ramalingam et moi essayons de lui donner « une dernière chance » ; ce n’est pas

facile : chacun de ces êtres si démunis aurait besoin d’une aide personnelle directe

assez considérable, et ce n’est pas possible. On ne peut que chercher à établir une

atmosphère, et encourager chaque mouvement un peu droit…

… Subramani, notre conducteur de char, ne semble pas pouvoir s’en sortir ; il est à

Madras, presque entièrement paralysé…

… C m’écrit que R est de nouveau hospitalisé, pour un autre débouchage d’artère…

*18-7-1991, Auroville :

Après le travail L est rentré ici avec moi, pour « soigner sa migraine » ! Et nous

sommes restés ensemble un long moment, librement ; je l’avais tant demandé,

cette tendresse libre et partagée, innocente et douce, sans histoires, gentille… J’en

suis très reconnaissant, et cela m’aide à me rassembler, au lieu de lutter contre un

manque…