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*29-6-1991, Auroville :
Ce matin il ne restait qu’une enflure dans les extrémités. On a repris le travail sur
l’échafaudage.
Avant 10 heures les abeilles sont revenues, et m’ont choisi !
Je n’ai eu que trois piqûres cette fois-ci, et j’ai cru que ce serait sans conséquence.
Mais une heure après tout le visage était en feu, et j’ai dû rentrer ici. La peau de
tout le corps s’est mise à brûler, avec des démangeaisons affolantes, depuis le cuir
chevelu jusqu’à la plante des pieds, et des boursouflures sur les flancs. Le visage
s’est gonflé, déformé…
J’ai pu observer des choses intéressantes : les différents domaines du corps, et
ceux où la Force rencontre le plus de résistance…
*2-7-1991, Auroville :
Ce soir, Ramalingam, Shivan, Kalidas, L et moi délogeons le dernier nid de ces
abeilles féroces ; nous terminons vers 21 heures. L reste près de moi pour opérer la
grue sur la plateforme, et il y a entre nous un moment d’abandon si gentil et
joyeux…
*5-7-1991, Auroville :
Levée et mise en place de la 8
ème
colonne dans la Chambre ce matin.
Découvert une erreur que j’ai faite dans les mesures de la poutre octogonale du
réservoir ; le mystère : comment ai-je pu faire cette erreur dans ma lecture des
plans ? Ce n’est ni de la négligence ni de la hâte, car j’ai soigneusement reporté
l’erreur en tous points ! C’est autre chose, et c’est préoccupant… Il me semble que
récemment encore j’aurais eu à lutter contre un mélange de dépression, de
culpabilité, d’instinct de fuite et de dissimulation ; mais à présent je ne sais pas : je
veux voir clairement le phénomène, sa source et son intention, tout comme ce qui,
en moi, le permet, pas seulement d’un point de vue psychologique, mais d’un point
de vue concret, presque chimique – avoir prise sur le processus de déformation ou
de mensonge…
Ce n’est pas une erreur qui a de graves conséquences ; ce n’est pas nécessaire de
la rectifier, en fait, mais simplement d’ajuster de légères différences, et la poutre
sera seulement un peu plus haute que prévue. Mais c’est un peu impressionnant.
*7-7-1991, Auroville :
Ma condition physique est déconcertante. Extérieurement, je me blesse souvent ces
jours-ci, et deux des piqûres d’abeille se sont curieusement enflammées ; mais
c’est organiquement que cela devient spectaculaire : cela fait plus d’un an
maintenant que, chaque soir, au moment de passer dans l’état de sommeil, le cœur
et la respiration sont saisis de désordre aigu. Chaque soir c’est la même chose. Et,
depuis quelques jours, cela s’aggrave ; hier soir il m’a fallu plusieurs heures pour
passer le seuil, des heures fatigantes. Il y a soit une sorte de décharge électrique,
soit une panique respiratoire soudaine, suivie de douleurs dans le cœur et l’aorte…
Ce matin encore, le pouls demeure tout à fait irrégulier… Je ne sais pas ; il me
semble que c’est un problème de ventilation dans une partie du cœur, mais je n’en
suis pas sûr… Ce qui me préoccupe, c’est que je n’ai pas d’indication intérieure, soit
qu’il faut se préparer à partir, soit qu’il s’agit d’un travail de la Force. Il n’y a,
étrangement, pas d’inquiétude dans le corps…
Est-ce que je dois écrire mes « dernières volontés » ?