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MENACES

Au cours des derniers siècles, les gorilles ont été confrontés à un

large éventail de menaces nouvelles, qui vont des maladies appor-

tées par les humains à la destruction et à la fragmentation de leur

habitat par l’exploitation forestière, l’extraction minière et les in-

cendies de forêt, en plus de la chasse pour la viande de brousse et

des balles perdues des conflits. Les guerres civiles n’ont pas seule-

ment un impact sur la vie et sur la survie des gens, elles abou-

tissent aussi à l’abattage délibéré des gorilles ainsi qu’à leur mort

accidentelle sur des mines ou des explosifs piégés.

Primates de grande taille vivant en groupe, les gorilles ont peu de

prédateurs naturels. On a parlé de léopards qui ont tué des gorilles

adultes (p. ex. Baumgartel, 1976) et on peut imaginer de jeunes go-

rilles capturés par des pythons ou par des rapaces, mais les jeunes

sont normalement protégés par les adultes. On peut aussi consi-

dérer les êtres humains comme un prédateur naturel, mais dans

le passé, la taille, la vigueur et les impressionnantes démonstra-

tions de force des gorilles à dos argenté suffisaient à décourager

les chasseurs traditionnels, à l’exception des plus hardis d’entre

eux. L’introduction des armes à feu en Afrique centrale au XIX

ème

siècle a changé tout cela, et au fur et à mesure que les fusils se

sont répandus au cours du XX

ème

siècle, les populations de gorilles

exposées à la chasse ont commencé à décliner.

On ne peut cependant pas parler d’un processus coordonné

d’élimination des gorilles. On peut penser que les braconniers

eux-mêmes ne veulent pas faire disparaître la source leurs prof-

its. Le déclin des populations de gorilles est dû à une négligence

collective – l’aménagement du territoire n’est pas suivi avec assez

de soin, les budgets d’application des lois sur la conservation du

gibier sont insuffisants, et on ne donne pas assez d’alternatives

aux braconniers pour trouver une meilleure façon de sortir de la

pauvreté.

Le résultat, le triste résultat reste que d’année en année on tue

plus de gorilles qu’il n’en naît et que la mort leur est donnée par

l’homme dans une grande partie des cas. Du point de vue de la

personne qui a tué, il s’agit d’un acte découlant d’une décision con-

sciente et logique, Donc, pour changer le comportement de ceux

qui tuent les gorilles, il faut comprendre leur situation et ce qui les

mène à tuer.

COMPARAISON DU DANGER ENTRE LES SOUS-ESPECES

Certaines des menaces esquissées ci-dessus peuvent aboutir à la

mort d’un petit nombre de gorilles, ce qui peut paraître insignifi-

ant face à des populations qui se comptent en milliers. Pour les

sous-espèces les moins nombreuses, toutefois, dont la popula-

tion se monte à quelques centaines, la contribution génétique de

chaque individu compte pour la reconstitution de la population.

Et c’est au sein de ces populations minuscules et fragmentées

que le conflit entre les hommes et la faune est le plus prononcé.

TUER LES GORILLES

EN IMPRESSION DE LEGITIME DEFENSE

Dans les zones où on pratique la chasse au gorille, leur première

réaction lorsqu’ils voient, sentent ou entendent les hommes est

de fuir silencieusement ou de fuir silencieusement après un cri

d’alarme très fort et très soudain. Si les humains se retrouvent

au milieu d’une famille de gorilles par accident (par exemple en

marchant sous une pluie battante), ce OUARRGH soudain et

explosif est interprété par la plupart des gens comme prélude à

une attaque réelle. Si un poursuivant se révèle très opiniâtre, il

arrive que le dos-argenté se sépare du groupe et se cache jusqu’à

ce que la personne s’avance, puis se précipite vers elle en rugis-

sant, dans une mise en scène dramatisée. Peu d’hommes armés

d’un fusil peuvent résister à la pulsion de tirer dans ces deux ci-

constances, et ce n’est qu’après de nombreuses années (et après

la mort de nombreux dos-argentés) qu’on a pris conscience que

cette charge n’est qu’un bluff, à moins que les gorilles ne soi-

ent réellement attaqués. Le risque de ces rencontres fatales aug-

mente lorsqu’une guerre ou des désordres civils ont lieu, lorsque

de plus en plus d’hommes armés marchent à travers le biotope

du gorille, un doigt sur la détente de peur d’être attaqués par les

forces ennemies. Pour lutter contre cette menace, l’un des choix

consiste à intégrer l’information sur comment réagir face aux

gorilles au programme d’entraînement des troupes déployées

au sein de l’habitat des gorilles. Au Rwanda, par exemple, les

soldats qui patrouillent pour assurer la sécurité des touristes au

Parc national des Volcans sont informés en profondeur et on les

a souvent vus fascinés par les gorilles.

Figure 1: La réserve communautaire de gorilles de Walikale