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Quand nous avons appris que 2009 allait être l’Année du gorille,

nous nous sommes énormément réjouis. Cela convergeait parfaite-

ment avec la stratégie et la politique du Rwanda. Oui, le Gorille est

en danger, mais nous voulons affirmer haut et fort qu’il y a de fragiles

succès au Rwanda, que tout n’est pas sombre et qu’il y a une lumière

à la sortie du tunnel avec ce que nous entreprenons ici. La popula-

tion de gorilles est en augmentation, nous avons vu des changements

dans les habitudes, nous avons vu l’engagement des communautés

(toutes aidées par l’engagement du gouvernement qui a créé un en-

vironnement propice) non seulement en faveur des gens vivant au

Rwanda, mais aussi en faveur de la faune sauvage et de l’habitat

naturel. Et vous ne pouvez pas discuter de la conservation du gorille

sans parler de son habitat.

Kwita Izina signifie « nom » en Kinyarwanda et lors des cinq

dernières années, nous avons choisi d’utiliser cette plateforme pour

baptiser des gorilles et d’en faire un évènement public destiné à

mettre en évidence au niveau mondial, que, oui, la conservation

du gorille est de la responsabilité de tout le monde. Le Rwanda et

d’autres pays comme la RDC ont le privilège d’être les gardiens de ces

créatures merveilleuses, mais la responsabilité de les protéger est de la

responsabilité de tout le monde.

Depuis que nous avons lancé l’écotourisme basé sur les gorilles, des

gens de plus de 95 nationalités différentes ont visité le Rwanda pour

voir les gorilles. Il va sans dire que les gorilles transcendent les fron-

tières. C’est une espèce qui est non seulement magnifique, mais

aussi une espèce que nous pouvons utiliser pour favoriser la paix

et la stabilité dans le monde et pour protéger notre environnement.

Prenez le cas d’école des gorilles de montagne au sein de l’écosystème

des Virunga (les gorilles n’ont pas de passeport et ne connaissent pas

les frontières, donc les trois pays, l’Ouganda, la RDC et le Rwanda

décidèrent de travailler ensemble, unis par le gorille). Nous avons

élaboré une collaboration transfrontalière, qui a été un véritable

succès, en parti dû à son approche ascendante (“bottom-up”). Notre

personnel de terrain collaborait déjà, partageait le système de sur-

veillance, et avait compris qu’aucun pays ne pouvait réussir seul.

Vous ne pouvez pas parler de conservation réussie au Rwanda sans

penser à ce qu’il se passe dans les autres endroits.

Les gouvernements ont endossé cette collaboration, nos ministres

ont signé un protocole d’accord et nous disposons aujourd’hui d’un

Bureau de Collaboration transfrontalière basé à Kigali. C’était une

zone ravagée par les guerres, mais même au milieu des conflits,

nous nous sommes tous mis d’accord sur un principe : cette espèce

étendard et son habitat devaient être protégés (et si nous y parve-

nons, alors tout le monde peut réussir).

Rosette Chantal Rugamba

Ancienne directrice adjointe du Conseil de développement

du Rwanda, chargée du tourisme et de la conservation.

INTERVIEW

«Nous sommes tous responsables

de la conservation des gorilles. »