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l’influence de Prem qui espère toujours être « reconnu » ; et Toine est saisi par une
espèce d’exclusivisme étrange, à la fois noble et dangereux…
Cella me fait réfléchir toute la nuit…
Je veux seulement que ce soit Toi, et Toi seule, qui établisses ma conscience…
Il y a tant de choses que je vois, sens, éprouve, au-dedans…
Mais quand il n’y a plus assez de confiance, je deviens comme un infirme : il n’y a
plus d’énergie, il n’y a plus la force de se soucier de rien, ni de passer la tendresse,
il n’y a plus le courage de continuer à vivre…
J’ai observé, toutes ces années, que la confiance est pour moi, et pour le corps –
et, il me semble, pour Matrimandir aussi -, comme l’eau de la vie : quand elle est
suffisamment présente, les choses se font, le progrès devient concret et les
circonstances s’arrangent. Quand elle est niée ou trop contredite, alors tout,
immédiatement, devient un poids insupportable…
*3-8-1993, Auroville :
Avec l’accord de Mallika, Durai et L.N, je modifie la note d’information pour les
horaires de visite du 15 Août, en intégrant le plus vrai du mouvement négatif
d’Arjun, Toine et Aster, sans que ce soit un abandon lâche de l’orientation
essentielle : il faut continuer de s’efforcer de travailler ensemble. Mais une distance
s’est créée, que je T’offre…
*4-8-1993, Auroville :
Il faut rester au point de silence, dans cette grande vague de disharmonie…
Les ouvriers d’Atmarati sont en grève : c’est la répétition d’une vieille histoire qui
est surtout celle de Pierre E, de sa relation au travail, à l’argent, à Auroville et aux
gens d’ici ; nous ne pouvons pas intervenir. Mais dans ce cas je sens et j’éprouve –
j’ai regardé cela dans la nuit – aussi le début d’une sorte de débandade sous la
pression exclusive et limitée qu’exerce Madanlal afin que nous nous engagions à ne
réaliser qu’un premier Pétale ; mais les choses ne se passent pas ainsi et ‘élan
véritable est de vouloir tout accomplir et que l’intégralité de Matrimandir soit
matérialisée ; au lieu de mesurer et de compter selon des projections mentales, il
faut laisser passer l’énergie et l’accompagner selon les possibilités du moment, et la
servir sans lui imposer de trajectoire rigide. Il me semble que Toine et Arjun se
sont laissés influencer, parce qu’ils sot moins directement en contact avec la
matière ; et ils ont alors imposé à Pierre E de réduire sa force ouvrière, puisqu’il n’y
a plus d’argent… ! Il y a là un tissu complexe, dont les parasites ne peuvent être
combattus sur leur propre terrain : il faut plutôt les emporter dans u mouvement
d’avance irrésistible, par lequel ils perdront leur milieu…
Tout cela, dans l’expérience de l’instant, se traduit par une fatigue intolérable, si
intense qu’on a envie de hurler…
Et s’inscrivant dans cette crise une autre crise personnelle s’est déclarée : l’oncle
d’Arjun, en voyage en Californie (pour un séminaire, je crois) vient d’être
soudainement hospitalisé et diagnostiqué d’un cancer des os de la pire espèce ; il
vient d’exprimer la volonté que ce soit Arjun seul qui vienne le retrouver et tenter
de le ramener en Inde… Alors nous passons une partie de la journée à organiser
pour le départ d’Arjun – réservations, visa, emprunt, etc.
Et Toine aussi doit s’en aller, ce lundi…
Il y a un aspect de débâcle ; et pourtant, tout continue, autrement…