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D’après les données d’ETIS, la fréquence et l’ampleur des sai-
sies d’ivoire à grande échelle continuent d’augmenter. Ces sai-
sies montrent que le crime organisé est impliqué dans le com-
merce illégal. De 2009 à 2011, 34 saisies de ce type ont eu lieu,
un nombre record dans les données d’ETIS.
Les statistiques d’ETIS précisent que le Kenya et la République-
Unie de Tanzanie ont effectué à eux seuls 16 des 34 saisies
d’ivoire enregistrées de 2009 à 2011. Au total, 35 tonnes ont été
saisies, soit 58 % du volume total des saisies d’ivoire à grande
échelle au cours de cette période. La forte tendance à la hausse
s’explique par l’augmentation importante des transactions
d’ivoire dans la catégorie de poids supérieure ou égale à 100 kg.
Concernant les saisies supérieures à 800 kg, 8 ont été réalisées
en 2009, 9 en 2010 et 17 en 2011, pour un total de près de 61
tonnes d’ivoire. Les grands mouvements de l’ivoire se caracté-
risent de plus en plus par la participation de groupes criminels
organisés dans les opérations commerciales, par l’intermédiaire
de réseaux sophistiqués reliant l’Afrique et l’Asie. Une augmen-
tation des actions de lutte contre la fraude et une meilleure coo-
pération internationale sont des conditions préalables pour ju-
guler cette tendance croissante. C’est la raison pour laquelle les
enquêtes sur les saisies d’ivoire à grande échelle doivent recon-
naitre le trafic comme le délit le plus importante du commerce
de l’ivoire afin qu’elles soient suivies de près.
Malheureusement, des enquêtes sont rarement réalisées suite
aux saisies d’ivoire à grande échelle et, lorsqu’elles le sont, elles
sont généralement inefficaces. En conséquence, il est rare que
l’on s’attaque à l’ensemble de la chaîne criminelle et les crimi-
nels impliqués ne sont quasiment jamais arrêtés, poursuivis et
condamnés. L’ensemble la chaîne de lutte contre la fraude doit
travailler main dans la main. Il est en effet indispensable d’amé-
liorer la communication, la collaboration et la coordination à
l’échelle nationale et internationale. Utiliser des techniques
de livraison contrôlée et des technologies médico-légales pour
les espèces sauvages ainsi que l’échange rapide d’informations
pertinentes pour faciliter les enquêtes dans l’ensemble des
pays concernés est d’une importance capitale. Cela devrait être
suivi par l’aboutissement des poursuites et des sanctions dis-
suasives efficaces. Le Consortium international de lutte contre
la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC) peut jouer
un rôle important à cet égard. L’ICCWC rassemble les organes
intergouvernementaux mandatés par leurs États membres pour
Figure 13 :
les importantes cargaisons d’ivoire en provenance
de l’Afrique sont presque exclusivement saisies dans des conte-
neurs dans les principaux ports d’Asie, où des systèmes d’ins-
pection douanière ont été mis en place. Elles provienent princi-
palement de Dar es Salaam ou de Mombasa, mais également
d’Afrique occidentale.
participer ou soutenir la lutte contre la fraude liée aux espèces
sauvages, afin d’assurer une réponse coordonnée en matière de
lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages. Chaque
agence partenaire de l’ICCWC apporte ses compétences et res-
sources uniques au Consortium et gère une partie différente du
système, toutes devant travailler ensemble pour assurer l’effica-
cité de l’action de lutte contre la fraude. Sans le financement et la
mise en œuvre d’un mécanisme pour une large collaboration, le
commerce illégal de l’ivoire se poursuivra, entraînant des dispa-
ritions locales d’éléphants dans certaines régions d’Afrique.