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Afin d’assurer l’application effective des lois sur le terrain, il est crucial que les unités
de traque antibraconnage soient bien formées aux compétences et renseignements tac-
tiques. Au plus fort des massacres d’éléphants dans les années 1970 et 1980, les gardiens
des parcs étaient fréquemment tués lorsqu’ils rencontraient les braconniers. Pendant
cette période, une attention croissante a été accordée à l’amélioration de la lutte contre
la fraude dans les zones protégées. Cependant, il a fallu attendre que les gardiens béné-
ficient d’une meilleure formation, emploient de meilleures tactiques et commencent à
collaborer avec des unités militaires et policières dans toute l’Afrique orientale et australe
pour que les mesures de lutte contre la fraude s’améliorent réellement.
PROTECTIONDES ÉLÉPHANTS :
LUTTE CONTRE LA FRAUDE,
ENJEUX ET POSSIBILITÉS
Dans la région des Virunga (Ouganda, Rwanda et République
démocratique du Congo), les gardiens ont réussi à protéger et
à accroître la population de gorilles de montagne durant l’un
des plus graves conflits en cours depuis la Seconde Guerre
mondiale (PNUE-INTERPOL 2011). Ce n’est pas le cas en
Afrique centrale et occidentale, où le manque de ressources, la
faible gouvernance, les conflits en cours et la présence massive
d’armes et de groupes criminels n’ont pas permis aux gardiens
locaux d’en faire autant. Les populations d’éléphants dans ces
régions restent faibles et le braconnage en a réduit certaines à
des niveaux de quasi-extinction.
Malheureusement, avec la baisse du braconnage et la hausse
des coûts d’équipements plus récents et plus modernes, la
plupart des unités les plus efficaces de lutte contre le bracon-
nage ont peu à peu disparu. Pour réduire les coûts, les pisteurs
étaient souvent embauchés de façon temporaire et n’avaient
pas reçu la formation tactique adéquate. Les équipements tels
que les véhicules, les avions à voilure fixe et les radios sont des
outils importants pour les gardiens. Dans les régions reculées,
cependant, les véhicules sont utilisés sur les routes ou les pistes
seulement et sont visibles de loin, ce qui permettant aux bracon-
niers de facilement les éviter. Les véhicules, et dans certaines
régions les avions à voilure fixe, sont utiles dans les opérations
de suivi. Ils sont toutefois plus efficaces lorsqu’ils sont utilisés
en plus de patrouilles terrestres longue distance bien formées
et d’unités de traque qui opèrent à pied (Kearney 1978 ; Diaz
2005; Scott-Donelan 2010 ; Nellemann
et al.
2011). Sans ces
unités de traque, il est pratiquement impossible de localiser, de
poursuivre et d’arrêter les braconniers dans la brousse.
En outre, des unités de traque bien établies peuvent décourager
les braconniers, ceux-ci commençant en effet à réaliser qu’ils
peuvent être suivis jour et nuit et que leurs actions, mouve-
ments, intentions et antécédents peuvent être identifiés ou an-
ticipés (Kearney 1978 ; Don-elan 2010 ; Nellemann
et al.
2011).
Avec une probabilité accrue de se faire prendre ou même tuer
lors d’un face-à-face avec les gardiens, le risque commence à
l’emporter sur la rentabilité et la tentation de se livrer au bra-
connage de l’ivoire diminue.
De toute évidence, pour lutter contre le braconnage des élé-
phants en Afrique, il est important que les États de l’aire de
répartition mettent sur pied des équipes efficaces de pisteurs