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LE BARMAN MODERNE
Il faut y être né au milieu pour le savoir et le com
prendre. Vous qui la regardez de loin, qui ne la
connaissez point et qui savourez amoureusement « le
jus de la treille » ignorez totalement les journées de
labeur à fournir pour lui donner ce « bouquet » qui
vous enchante.
Je remercie chaleureusement mon grand-père de
m'avoir appris à la travailler, à la connaître à fond et
à l'aimer.
Ainsi, ce fut mon départ, un très bon départ, sur
mon futur métier, car dans notre carrière, 11 faut
savoir ce qu'est le vin, il faut connaître les grands
crus.
Grâce à mon grand-père, j'ai connu tout cela; il
m'a appris point par point, comme l'on apprend un
jeune enfant à ânonner les premières lettres de
l'alphabet.
Hélas!ce brave homme n'est
plus.Jeregrettecomme
aux premiers jours celui qui fut mon plus grand
conseiller, et, en quelque sorte, il a tracé ma route
de barman.
A 15 ans,je quitte le Médoc pour Bordeaux. J'arrive
chez une tante avec l'idée ferme et bien arrêtée de
suivre des cours particuliers de barman. Ce tout
premier apprentissage dura deux ans.
Doué pour ce travail, on me fit engager comme
commis dans un bar où j'ai, d'ailleurs, beaucoup souf
fert. Tout n'allait pas comme sur des « roulettes »,
mon chef étant très dur.
Un an environ après, je commence ma vie vaga
bonde. Je pars d'abord à Marseille comme comrnis,
puis comme demi-chef où je reste environ deux ans,
allant de bar en bar. Croyez-moi, amis aspirants,
amis débutants, c'est le meilleur des apprentissages.
Enfin, je me décide à monter dans ce grand Paris
que j'ignorais alors; ce grand Paris où je finis d'ap-