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de mise à l’écart préventive, ou l’érection d’une barrière ou d’une limitation à
l’exercice de mes capacités ?
Il y a eu ainsi, même positivement, une sorte de double processus d’évitement.
Et, écrivant maintenant ce mot, « évitement », je suis frappé d’une sorte de
consternation, car cela évoque la fuite ! Et pourtant je suis certain, du point de vue
psychologique personnel, que rien de ce qui m’est arrivé n’est dû, de ma part, à
une attitude de fuite ; au contraire, ma tendance psychologique a plutôt été, tout
au long de ce chemin, de faire imprudemment face, de me jeter dans la gueule du
loup et d’ignorer activement tout ce qui pourrait s’apparenter à une forme de calcul
visant à la préservation.
Il y a la Vérité intraduisible, éternelle, omniprésente, libre absolument et nouvelle à
chaque instant.
Cela, aucun instrument ne peut prétendre connaître ; de Cela, aucune conscience
individualisée ne peut se réclamer.
Cela pourtant peut nous guider, du plus grand ensemble au détail le plus infime,
dans la mesure de notre ouverture directe et de la transparence réalisée en notre
être.
Et il y a les vérités. D’innombrables vérités, comme les notes innombrables d’une
musique infinie, dont certaines sont majeures, dans le sens où elles permettent à
d’autres de trouver leur juste place et leur unique fonction.
L’une de ces vérités majeures est que nous sommes le Suprême essentiellement, et
qu’ainsi « ma » lutte et « mes » tâtonnements sont les Siens, et que cet ensemble
de données que je représente uniquement est le Sien, inconditionnellement le Sien.
Ce soir, G et moi avions rendez-vous sur le champ de cajous, et j’ai longtemps
marché, poussant mon vélo, le long des canyons, sous le ciel chargé, alourdi de
masses grises, méditant - l’une de ces méditations actives qu’on laisse la
conscience organiser – sur l’état des choses, sur le mystère du chemin…
D’année en année les sentiers et les ravines traversant les palmeraies sont plus
jonchées de détritus, de plastique, de déchets séparés, durs, étrangers – comme
toute la région, comme tout le pays : un dépotoir.
Nous sommes dans un pays « en voie de développement » ! La question lancinante
qui se pose : quelle est cette obscurité à l’œuvre sur cette Terre, qui oriente le
processus multiforme d’une civilisation entière de telle manière qu’elle se sépare de
plus en plus de son environnement et l’abîme et le trahit. Où opère-t-elle ? Où est
sa tanière ?
Car ce n’est qu’en saisissant pratiquement un processus qu’on peut le changer, ou
au moins tenter d’y remédier…
*10-7-2000, Auroville :
Il faut de l’ego pour éprouver l’humiliation.
Mais il y a une dignité intérieure qui est libre de l’ego et peut cependant éprouver
une sorte de sentiment de recul, mêlé de quelque chose comme de la peine, envers
l’avilissement ou l’abjection.
Et il y a un troisième état, qui permet de traverser : c’est un état d’immobilité, qui
est comme une pureté active – un très léger retrait, ou rétablissement, dans une
immobilité vivante et consciente, qui nettoie. Instantanément.