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s’apaise et s’assouplit à mesure qu’il s’oriente vers la lumière intérieure et s’offre à
un mode de perception plus direct et plus vrai.
Avec cette note de F.J, je suis encore une fois devant le fait d’une limitation
constitutionnelle ; cela arrive souvent que je me trouve en présence, par exemple,
de deux personnes qui argumentent et ne s’entendent pas, ne se saisissent pas – je
parle ici de gens honnêtes, de gens convaincus, qui se donnent à ce qu’ils pensent
et font un effort de dialogue et d’ouverture -, et qui peuvent poursuivre une
discussion sans issue jusqu’à l’épuisement, au découragement, ou même à la
rupture ; alors qu’il est relativement aisé, dans un mouvement de concentration
paisible et d’identification silencieuse, de percevoir la vérité respective de chacune
des positions qui semblent ne pouvoir que s’affronter ; et, souvent, de saisir ainsi
leur complémentarité, et la puissance de progrès contenue dans leur rencontre.
Ce qui est terrible en Occident, et surtout dans les milieux intellectuel ou artistique,
c’est que chacun se sent tenu et obligé de mettre au point et de parfaire sa propre
démarche originale et singulière, et de prouver qu’elle peut s’appliquer à tous les
sujets et dans tous les domaines, comme la griffe d’un couturier…
*26-7-2000, Auroville :
C a téléphoné hier soir de Bretagne ; à grand peine elle et Odile sont parvenues à y
conduire R, et C se sentait déjà un peu soulagée par les effets que le changement
de cadre et d’atmosphère avait déjà sur la condition de R… Il est certain que
chacun, chaque corps, doit trouver sa propre manière juste d’approcher cette
« fin » - d’aborder cette perte radicale et ce total inconnu…
Quoique l’on dise et quelle que soit la réalisation individuelle, la connaissance
acquise, la force de caractère, ou l’état de paix, de détachement ou d’expansion et
d’universalisation déjà obtenu, dans la mesure où on ne se raconte pas d’histoires,
où l’on reste lucide et assez humble et… pondéré, le fait est, le fait demeure, que
cette fin, que l’instant même de cette irréversible césure, que cet acte de
disparition final, que cette mort, cette cessation, est un mystère entier.
Et l’on ne voit guère comment, de quelle droit ou par quelle autorité, l’on pourrait
jamais prêcher une « bonne » manière d’approcher la mort – la fin de la vie !
Il paraît évidemment souhaitable que les derniers instants de la vie corporelle
soient vécus dans un état rassemblé, lucide et tranquille, réuni peut-être autour de
l’émotion la plus belle, la plus profonde et la plus vraie que l’on ait jamais
éprouvée.
Mais comment « vivre bien » cette relation temporelle à l’approche graduelle et
inexorable de la fin quand l’organisme et ses capacités d’endurance sont si atteints
qu’il est désormais impossible qu’un rétablissement conséquent se produise ? Que
peut-on conseiller ou même souhaiter à celui ou celle qui se trouve là ? Dans quel
sens peut-on le mieux, par identification, y servir ?
Je grossis et caricature la question parce que, dans le cas de R, je dois me mettre
« à la place » de quelqu’un qui ne reconnaît ni la foi ni la Grâce, et qui a fondé son
intégrité et son honnêteté personnelles sur l’agnosticisme, de quelqu’un qui est
pourtant assez conscient, dont l’intelligence est aigue et capable d’intuition, et dont
la gamme émotionnelle et pulsionnelle est complexe ; et c’est aussi l’histoire d’un
couple, avec quarante années de vie commune, et de la fin de cette histoire à deux,
et des possibles permutations de cette fin selon que l’un ou l’autre s’en va le
premier…