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qui peuvent atteindre plus et plus loin… Mais je ne dispose pas, justement, de cette

assurance, ni de cette innocence ou ignorance vitale qui permet à tant d’autres de

mettre leur travail en avant ; je souhaiterais que ce soit la vertu essentiel de ce

travail qui soit chargée de son propre pouvoir de circulation…

Et cela me ramène à cette impression terrible – terrible parce qu’elle semble être

sans recours et sans explication – d’une malédiction…

Il y a en fait, dans cette existence – et peut-être pas seulement - comme une

étrange confluence, ou conjugaison, d’une malédiction puissante et d’une

bénédiction souveraine.

Et les choses se sont passées dans cette vie comme si, à un moment donné, s’était

répétée, ou produite à nouveau, ou réactivée une malédiction spécifique, une

condamnation négative… Et, en même temps, l’assurance claire et entière d’une

percée de conscience et d’un chemin de transformation…

On peut bien se dire que ce n’est là qu’une disposition singulière de la contradiction

qui nécessairement traverse la vie de chaque être individuel s’approchante d’une

conversion effective de l’ego : cette attribution juste et inévitable en chacun des

parts d’ombre et de lumière…

Mais d’une part il me semble, depuis longtemps déjà, que cette philosophie qui voit

en chacun la place de l’ombre et celle de la lumière en combat perpétuel, est un

piège moral et une justification pour nous maintenir dans une ambiguïté qui

repousse toujours dans l’avenir la possibilité même de la plénitude ; et d’autre part

mon expérience a été trop précise et trop concrète d’une intervention extérieure

positivement contraire. Je repense à cette phrase de Nata : « Je suis sûr qu’un jour

la vérité sera faite » ; ou à l’avertissement qui me fut donné plus tôt : « Quelqu’un

est en train de te jouer un tour… ».

*25-9-2000, Auroville :

Hier s’est tenu un premier séminaire, ou « dialogue », sur le thème de l’Art de

l’Harmonisation. Invité, je m’étais préparé intérieurement à ce que l’on explore à la

fois les degrés et dimensions du sens que l’on donne à l’harmonie, et les

implications de l’usage de la forme active, « harmoniser ».

Ce premier volet s’est déroulé avec la participation de Kireet Joshi : un avantage,

car cela garantit une certaine hauteur de débat ; et un désavantage, car cela induit

la plupart des participants à modifier leur comportement. J’aimerais beaucoup

mieux qu’il se joigne à Auroville, en tant qu’individu, plutôt que d’assumer ces

fonctions.

Il s’est avéré tout de suite que la plupart des participants voyaient là une occasion

d’attirer l’attention sur telle ou telle contradiction, difficulté ou impasse qui leur

semblait mériter justement un effort particulier d’harmonisation, ou indiquer un

manque particulièrement poignant d’harmonie ; et que très peu d’entre eux étaient

disposés à rechercher ensemble un niveau commun de définition et d’approche.

Je n’ai rien dit ; j’ai écouté.

Ce qui est de plus en plus frappant à mesure que l’expérience d’Auroville se

développe, c’est le fait que l’on ne peut commencer de communiquer que lorsqu’on

s’est désengagé du fonctionnement mental égocentré pour s’établir dans la

perception consciente.

On peut voir cependant, dans ce thème de l’harmonie, la question peut-être la plus

cruciale, et à la fois la plus éternelle et la plus urgente.

Il n’y a pas de manifestation sans harmonie : l’harmonie est une constituante

fondamentale de toute manifestation ! Même la destruction est harmonieuse !