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s’agit d’orientations et de choix « impersonnels » aurait un pouvoir de conviction et
une autorité qui lui font défaut jusqu’à présent.
Même si je ne dissimule rien à la Présence et lui offre tout, y compris ma résistance
à devenir « raisonnable ».
… G.C a quitté son corps avant-hier, probablement dans la matinée : il n’a été
découvert que tard dans la soirée ; ce matin-là il était descendu comme d’habitude
faire son café, et s’était conduit « normalement ». Ce petit bonhomme terne,
blême, émacié, a vécu des années à Auroville cantonné dans cette atmosphère
raréfiée de ceux qui fument quotidiennement la marijuana ou le haschich ; rappelé
à l’ordre par la communauté pour avoir été jusqu’à en fournir à des adolescents
contre paiement, il avait dû, cette dernière année, se plier à une certaine mesure
de contrôle collectif quant à ses habitudes et ses activités ; comme il était
représentatif de pas mal d’Auroviliens, qui prisent ce type de refuge au quotidien,
tout un groupe d’intérêts s’était opposé à ce qu’il soit temporairement renvoyé
d’Auroville, mesure qui pourtant, m’avait il semblé , pouvait le sauver…
*18-10-2000, Auroville :
Arjun et moi avons ramené Shiva de l’hôpital ce matin ; les points de suture sont
retirés, laissant un grande balafre horizontale à la base du cou, là où Dinkar a retiré
la moitié de sa thyroïde…
*19-10-2000, Auroville :
C a téléphoné : sans rien me dire, elle et F.J, constatant la puissance de la loi du
marché et la mainmise de quelques monopoles, ont pris contact avec une petite
maison d’édition dans le Sud de la France et obtenu un accord pour une impression
de qualité de mon livre, à compte d’auteur, et pour sa diffusion ; mais il me faudra
venir en France à la fin de l’année pour la correction des épreuves et le choix de la
couverture, ainsi que le texte de présentation. Ils ont aussi décidé de partager le
coût de l’opération.
Je ne parvenais pas, au téléphone, à m’enthousiasmer : j’étais gêné d’occasionner
ces dépenses pour eux, bien que C insiste catégoriquement sur la joie qu’en
éprouve F.J. Mais j’ai donné mon accord de principe… Cela m’a remémoré quand Tu
avais dit à Satprem, après que son livre « La Genèse du Surhomme » ait été refusé
par trois Maisons d’Edition, que cela n’avait pas d’importance et que l’Ashram
pourrait aussi bien le publier, et qu’on trouverait les moyens de le faire circuler…
« Circuler » : c’est ce mot qui me hante depuis un an ; le besoin de m’unir à une
action, d’émerger ailleurs, hors de ces cercles qui m’étouffent, où je ne trouve plus
assez de sens et ne parviens plus à me donner ; ce n’est pas le besoin d’être
« reconnu » - j’en suis sûr maintenant -, mais celui d’être associé à un mouvement
de conscience plus vaste, plus impersonnel et plus sûr…
Le doute affleure, bien sûr, qu’ils font ça pour me faire plaisir, parce que j’ai l’air de
tenir à ce texte, et par tolérance et respect pour mes choix de vie et mes
orientations…
Mais quoi… ? Toucher ne serait-ce qu’une centaine de personnes qui tomberont sur
ce livre « par hasard », n’est-ce pas tout de même un juste commencement ?
Que peut-on espérer de plus dans cet univers dominé par un tel déferlement
d’information, une telle surabondance de nourriture visuelle, mentale, émotionnelle
et sensuelle, une hypnose si colossale et si pénétrante ? Qui a l’espace et le temps