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FJ – … Il semble, d’après ce que tu m’as dit, qu’il y ait toujours, par-delà
l’apparence de la mort, une réalité où la mort ne triomphe pas… Donc, à la limite,
dans la réalité au sens le plus fort du terme, la mort n’existe pas… ? Et alors, qu’en
est-il du corps ? Peut-on dire que le corps meurt, ou y a-t-il encore quelque
chose… ?
D – Non, le corps meurt.
FJ – Le corps se décompose…
D – Oui, se désagrège…
FJ – Qu’en est-il alors du travail opéré sur le corps, du travail jusqu’au niveau des
cellules ?
D – Mais personne jusqu’à présent ne s’était vraiment penché sur ce qu’est la
conscience du corps…
FJ – La conscience de la chair ? En tant qu’organisation cellulaire ?
D – Non. La chair, c’est un concept. La conscience que le corps a de lui-même, de
ses propres mouvements et besoins, non pas dans notre transcription mais en soi…
FJ - … Mais c’est le terme même de conscience qui, alors, devient un concept pour
moi… Pour moi il n’y a de compréhension que lorsqu’il y a un niveau
d’organisation… tandis que si l’on passe à l’élément constituant, pour moi, ce n’est
rien, il n’y a plus rien…
D - … Peut-être que pour toi, la conscience est comprise plutôt comme un résultat,
alors que je me réfère à la conscience comme base, que ce soit à travers une
organisation ou un élément ou même un non manifesté, cela existe avent même le
manifesté… c’est le Fait essentiel…
FJ – Ce serait quoi alors, une espèce de force disponible ?
D - … Oui, en ce sens que sans la conscience il n’y a rien du tout. Tout ce que l’on
peut observer, tout, ce sont seulement des expressions – observées depuis la
séparation – de la conscience…
FJ - … Moi j’ai été formé à penser qu’il n’y a conscience que « conscience de
quelque chose »… comme une espèce de visée qui n’existe qu’en visant telle ou
telle chose… alors que ce dont tu parles se situerait antérieurement à toute visée…
D – Bien sûr ! D’où la sortir, cette conscience qui n’existerait que par rapport à un
objet ?
FJ – Mais justement, je ne suis pas métaphysicien, je n’essaie pas de la sortir de
nulle part !... Je ne peux pas, je n’arrive pas à voir ce que pourrait être la
conscience à l’état pur, qui serait conscience en soi, sans avoir besoin d’être
conscience de quelque chose…
D - … Prenons-le autrement… Pour en revenir au corps, qu’est-ce qui fait que le
corps a ses propres perceptions, sa propre aspiration, sa propre foi, quelque chose
qui lui est absolument unique ? … Jusqu’à présent, même quand on se tournait vers
la vie spirituelle, la tendance était vers le salut individuel, la libération des
contradictions et de toutes les limitations, peut-être une certaine amélioration des
conditions de la vie humaine, mais jamais la préoccupation du corps, de la matière,
de sa transformation… Mais maintenant il y a la possibilité d’un devenir qui
embrasse tous les plans, qui se reconnaît dans la matière et qui se FAIT dans la
matière… Pas en essayant de l’améliorer le temps que … ça dure, mais vraiment en
s’y situant… Et par le fait que cette présence, cette aspiration ne se détourne pas
mais au contraire éprouve le besoin d’une intégralité de la manifestation, il se
produit quelque chose pour le corps, un contact s’établit… et il se révèle finalement
comme le lieu même où les choses comprises vraiment se réalisent… Et c’est là que
tu te rends compte que la mort n’a pas vraiment de raison d’être, essentiellement…