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D – C’est seulement un danger quand tu n’es pas assez sincère, quand tu te
racontes des histoires intérieurement…
…
FJ - … Il y a une pensée, celle de Sri Aurobindo, qui est votre source d’inspiration…
D – Mais la « pensée » qu’Il a exprimée est l’expression d’une Présence… C’est la
Présence qui compte d’abord…
FJ – Mais cette Présence, vous la connaissez à travers cette pensée !
D – Non. On la connaît par l’expérience. La base, c’est l’expérience.
FJ – Mais enfin vous n’auriez jamais, sans doute, vécu cette expérience s’il n’y avait
pas eu le médiateur de…
D – Non, pas du tout. Beaucoup d’entre nous ont eu l’expérience d’abord, sans
encore avoir jamais rien lu.
FJ – Mais alors, ils ont l’expérience de quoi, à ce moment-là ?
D – De ce qu’Il est, de ce que C’est, de pourquoi on est là, de Ce qui nous guide, de
Ce que Mère est… Il y en a beaucoup parmi nous qui sont venus et qui sont restés
et qui ont quelque chose, et pourtant ils n’ont toujours rien lu… Bien sûr, c’est
souvent dommage de ne pas utiliser tous les cadeaux qu’Il a laissés…
FJ – Mais comment pouvez-vous communiquer, alors ? Comment peux-tu être sûr
que c’est la même expérience ?
D – Mais quand tu l’as, tu l’as, et quand l’autre l’a, tu sais que c’est la même !
FJ – Alors, d’une certaine manière, vous communiquez d’expérience à expérience ?
D – Oui, c’est direct.
FJ – Sans passer par, disons, le mental ?
D – Non. Ce n’est pas mystérieux, c’est le fait de la reconnaissance… De même
qu’on a reconnu Mère, on se reconnaît les uns les autres quand on L’a reconnue…
FJ – On peut quand même supposer que si chacune des personnes qui sont
présentes à Auroville se mettait à formuler son rapport à la Vérité, cela donnerait
tout de même des formulations bien différentes les unes des autres… ?
D – Bien sûr !
…
FJ - … Prenons un exemple. Quelqu’un arrive et dit : « Moi, j’ai envie de vivre ici,
j’ai envie de devenir Aurovilien ! » Est-ce qu’il y a des cas où les Aurovilliens qui
sont déjà là disent : « Non, ce n’est pas son affaire, il se trompe… » ?
D – Oui, c’est difficile ; ce que représente Auroville, pour quelqu’un qui arrive, peut
varier presque infiniment, et ça ne correspond pas forcément à l’expérience
d’Auroville ici et maintenant… En fait il n’y a guère de raison valable de refuser le
droit à quiconque d’être à Auroville, à moins que sa conduite démontre clairement
qu’il n’est pas en état, actuellement, de vivre l’expérience…
FJ - … Il n’y a pas de lois, évidemment !
D – Non ! … C’est arrivé nombre de fois qu’il y ait des gens qui viennent et qui ne
gardent pas l’équilibre, par exemple. Et là ; qu’est-ce qu’on fait ? On est tous
concernés. On peut se dire : notre atmosphère, l’atmosphère que nous produisons,
n’est pas suffisamment claire, suffisamment évoluée, forte, pour aider quelqu’un
qui se trouve dans cette situation… On ne va pas essayer, tu comprends, de recoller
les morceaux, il faut trouver vraiment ! Ou on peut se dire simplement : il faut
qu’il revoit la chose en lui-même ailleurs, parce que c’est difficile d’être ici, de
toutes manières ; c’est toujours mieux pour la personne, à ce stade, qu’elle ne
reste pas…