Table of Contents Table of Contents
Previous Page  221 / 1424 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 221 / 1424 Next Page
Page Background

221

FJ - … Mais tu disais que, quand on est nombreux à se brancher, le branchement

est plus fort… Pourtant, ce n’est jamais pour ça que vous vous réunissez, ce n’est

jamais pour vous brancher ?

D – Ca peut arriver qu’on éprouve le besoin de se concentrer ensemble, mais c’est

alors dans le sens d’un appel, d’un besoin vraiment pressant, quelque chose qu’on

ne peut pas décider à l’avance, ni organiser, parce que ça doit venir d’un

mouvement, d’une nécessité…

FJ – Oui, ça n’a rien d’une cérémonie rituelle, évidemment…

FJ - … Si je te demandais de différencier les types de difficultés que rencontre

Auroville, que vous vivez depuis que vous êtes au travail… ?

D – Je crois qu’on touche au fur et à mesure, autant qu’on en est capables – c’est

toujours à la limite de notre endurance -, toutes les impossibilités, ce qui peut être

perçu comme les contradictions de la possibilité du progrès… On les touche sur tous

les plans et dans la vie, autant qu’on peut le supporter. Je ne sais pas comment on

peut différencier… Mais on les touche comme à la racine, elles n’ont pas besoin de

se développer, ce n’est pas spectaculaire, on les touche là où elles surgissent, là où

elles prennent, à la racine… On n’a pas besoin d’attendre que les choses prennent

de telles proportions…

FJ - … qu’on est contraint d’en tenir compte !

D – Et alors c’est généralement trop tard, parce qu’on devient des victimes, ou on

se révolte, mais on n’a plus le contact avec le moment – dans la conscience – où

cela vient comme une contradiction…

… Ce sont comme des nœuds qui, pour ce qui en nous a l’habitude de traiter avec la

vie, sont des impossibilités – qui sont stimulantes pour beaucoup d’êtres, pour

chercher des solutions, mais ici on n’a pas beaucoup de foi en ces solutions, on va

chercher quelque chose de plus… Et c’est difficile à formuler… On peut suivre des

« lignes » quelques fois, on peut dire qu’on va suivre la « ligne écologique » par

exemple, mais on est conscient en même temps que ça se passe plus profondément

que ça, que c’est un nœud qui se situe plus profondément et que, peut-être, il y a

un moyen plus simple : pas un moyen comme on l’entend, mais un pas de

conscience, plus réel qu’une solution extérieure…

FJ - … Mais qu’est-ce qui vous rend si attentifs à l’émergence des difficultés, à leur

apparition, alors qu’ailleurs en effet, on…

D – C’est… le mystère d’Auroville… c’est la Présence qui est là et qui nous…

« focalise »… On n’y échappe pas, c’est comme un faisceau… D’un point à un

autre, d’un point à un autre, comme ça, il y a comme un faisceau qui se promène…

On ne fait pas le progrès en une seule fois, mais il y a un petit peu de

compréhension et puis on y revient plus tard… Et ce n’est pas une volonté

programmée, ce n’est pas une décision de s’occuper de ça, puis de ça et ça, ce

n’est pas ainsi que ça se passe… Et quelquefois ça va très vite…

FJ - … Peut-on faire la distinction entre des difficultés proprement extérieures et des

difficultés proprement intérieures, qui viennent de vous ?

D – Je crois qu’on peut seulement distinguer entre les difficultés qui viennent de la

dimension plus complexe de la société humaine – le fait par exemple qu’on est dans

tel pays et que les conditions y sont telles, nécessairement ça a une action, ça

interfère, ou contribue… Ca, on pourrait appeler une difficulté extérieure ; mais

même là, on a toujours des points de référence intérieurs, dans les choses de la

vie, par exemple avec les villageois – on peut toucher la difficulté, la ressentir

véritablement…