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Nous avions, en Bretagne, la vie d’une famille élargie, dont Cyril, le seul enfant,
était un peu le petit roi. Chacun vaquait à diverses tâches, je tissais, travaillais le
cuir, j’aimais à faire des vêtements ou des sacs pour l’un ou l’autre de mes amis…
Mais cela ne satisfaisait pas le besoin de servir, de participer à une œuvre à laquelle
Mère aurait donné le sens, et qu’Elle utiliserait pour Son travail de transformation.
J’écrivis et, mi Juin, Nata me répondit : (« Cher Divakar. Aujourd’hui j’ai lu à Mère
ta lettre du 6 crt. Elle a écouté attentivement, s’est concentrée et m’a donné le
sachet de bénédictions ci-joint. Elle n’a pas dit un mot. Non, je ne suis pas fâché. Je
suis ton ami, un ami qui regrette de ne pouvoir faire quelques choses de plus. Je
t’embrasse. Nata. »)
Un jour je retournai à Paris et me rendis à l’Association pour Auroville, espérant
pouvoir y travailler un peu, y être utile ; j’y fis de nouveaux amis, qui servaient là
Auroville, chacun comme il pouvait. Pour gagner un peu d’argent, nous faisions ici
et là des travaux de peinture. Je commençai de passer une partie des journées
dans les bureaux de l’Association, où je me mis à taper toutes les « Notes sur le
Chemin » publiées dans le Bulletin de l’Ashram en un seul document.
Quelques semaines s’écoulèrent ainsi. Là encore, ma présence évoquait des
réponses divergentes ; certains m’accueillaient et me donnaient leur amitié et leur
confiance, tandis que d’autres ressentaient un danger. La « directrice », au cours
d’un bref séjour à Pondichéry, fit son enquête à mon sujet et revint munie d’ordres
négatifs, qu’on ne me montra pas.
De son côté, Nata m’écrivit : (« Cher Divakar. Sur demande du chef de l’Association
pour Auroville en France, j’ai demandé à Mère l’autorisation à que tu travailles dans
cette organisation. La réponse a été négative. Je regrette de donner une si
mauvaise nouvelle, mais pense toujours que la volonté de Mère voit plus loin de
nos petits désirs et points de vue. Bien à toi. Nata. »)
Je me retirai donc.
Ce fut comme une béance.
Mais l’amitié que j’avais connue là ne me déserta pas, et resta vivante.
Où me tourner ? Comment marcher ?
Quelque chose collait à mon existence comme un mauvais destin.
C’était aussi, je le sentais, le creuset d’une forge, il me fallait contribuer du courage
et, comme Elle me l’avait écrit, de l’endurance.
Mais je n’étais pas capable de repousser l’horreur de ce rejet, ni le vertige d’un
désespoir qui revenait à l’assaut.
J’écrivis. A la mi Septembre, Nata me répondit, sa plus longue lettre : (« Cher
Divakar. Je te prie de m’excuser si je réponds avec tant de retard à ta lettre du 3
crt. J’ai quelques choses à te dire et je te prie de m’écouter avec beaucoup
d’attention et de patience. Pour le moment je ne peux pas insister avec tes lettres
auprès de Mère. Tu as assez écrit et la réponse a été toujours la même. Un homme
comme toi, qui a connu Mère, qui a reçu d’Elle un nom spirituel, qui a été capable
de se maintenir fidèlement malgré toutes les difficultés, il ne doit pas, il n’a pas le
droit de se décourager si pour un certain temps ou pour toujours il ne pourra être
en communication extérieure avec Mère. Recevoir le sachet de bénédictions,
s’agenouiller devant Elle, est sans doute très beau, mais à quoi ça sert si on est
fermé à son influence, ou on ne s’ouvre pas à sa conscience ? Si tu as Mère dans le
cœur c’est plus important que n’importe quoi, et c’est quelque chose que personne
ne peut pas toucher. Tu me diras, pourquoi ne veut pas me voir, pourquoi Elle ne