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conscience. J’apprenais la nécessité de se référer directement à la Présence au-
dedans de soi, sans aucune interférence ni influence.
Krishna m’écrivit que je lui manquais, qu’il était temps pour moi de rentrer….
Pourtant je trouvais difficile de continuer le travail de « Savitri » si je ne pouvais
même plus en envoyer les Chants à Mère comme une offrande concrète.
J’écrivis à Satprem, me souvenant aussi de ses mots « on se reverra ! ». Mais sa
réponse, que je reçus début Avril, ne fit que me renvoyer à … moi-même !
(« Divakar. Seule Mère peut te dire si tu es prêt à revenir ou non. Ton travail sur
« Savitri » est une excellente façon de rester dans l’atmosphère, à condition que tu
le fasses pour toi, sans aucune idée de publication ni de résultat, sauf le résultat
intérieur… »)
J’avais espéré un peu de cette compréhension par identité, qui lui aurait permis de
saisir ma vraie question, de m’accepter en lui comme je l’accueillais en moi.
Alors, c’était comme si je me trouvais privé de béquilles. Il me fallait donc
apprendre à discerner « tout seul », me casser la figure sans doute, me relever,
développer la confiance qui naît de la conscience vraie.
J’appris à tout offrir, même mon « besoin » de revenir près d’Elle.
A me délester.
Et, en même temps, à croire à ce qu’il m’était donné de percevoir, dans certaines
conditions que je commençais à reconnaître.
Je passai le premier mois de l’été dans le Sud avec mon père, sa compagne, et mes
frères.
De retour dans la ville, je terminai cette première traduction de « Savitri ».
Alors ?
Serait-ce Auroville ?
D’Auroville, c’est le Matrimandir qui me touchait, ce que j’avais pu en pressentir.
Mais Auroville, c’était le travail physique, et je n’avais guère d’entraînement ; je
doutais plutôt de ma capacité à soutenir le rythme d’une activité physique
intensive.
Pour garder l’équilibre dans le progrès, j’avais depuis un an commencé de
fréquenter un gymnase ; mais j’y rencontrai surtout les lâchetés, les peurs, les
contractions qui étaient logées dans le corps.
Ainsi je décidai de me joindre à un chantier de travailleurs volontaires en Provence.
Il s’agissait de débroussailler puis de remblayer une grande pente qui abutait à la
rue principale d’un village haut perché.
Cela prit quelques semaines de labeur ; il y avait deux dortoirs comme dans les
collèges, et les moments de « récréation » se passaient pour moi à jouer au ping-
pong.
Puis je m’en fus marcher dans les collines et les garrigues, des jours durant,
cueillant les fruits mûrs aux arbres abandonnés par des fermiers en colère.
En moi, lentement et comme par étapes, en dépit de tous les moments d’obscure
confusion et de doute, se confirmait la décision de rentrer à Pondichéry – et
advienne que pourra.
Je ne me faisais pas d’illusions. Mais une joie doucement croissait au-dedans. Cette
joie me donnait du courage.
Je ne redoutais plus le regard ou le jugement des autres, quels qu’ils soient. Je
n’éprouvais plus le besoin de prouver quoi que ce soit, selon ces critères de dualité
qui ont miné jusqu’à la substance même de nos corps.
Je me sentais prêt à rentrer.