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Nous nous occupâmes ensemble de refaire la toiture de cette grande hutte à étage,

et je l’aménageai de telle manière que plusieurs pourraient y vivre sans se

déranger, chacun disposant d’un espace indépendant.

A l’ombre de ces cinq arbres – un manguier, trois jacquiers et un neem – trois

autres petites huttes avaient été érigées par des travailleurs du Matrimandir. T.G,

l’un d’entre eux, avait commencé de planter un peu, mais il n’y avait ni puits ni

électricité et l’eau y venait par une conduite posée depuis le Matrimandir.

J’informai Shyamsunder de mes décisions : simplement, servir le Matrimandir et

vivre à « Sincérité ». Je ne demandais rien.

J’étais maintenant dans une situation « irrégulière », sans garantie légale et sans

visa. Mais le choix s’était formé clairement. Quelles que soient les conséquences,

j’apprendrais à me donner, sans attendre rien des autres.

Silencieusement, Shyamsunder me donna son soutien et parla à André.

Tous les deux obtinrent pour moi la garantie d’Auroville et mon visa fut finalement

régularisé.

Dans Auroville, les énergies entraient en conflits.

La croissance d’Auroville serait aussi une arène.

Chacun désormais était laissé à sa propre capacité de discernement, de courage,

d’engagement, de don de soi, d’endurance, d’honnêteté…

***

(Août, 2004)

En 2000, j’ai retrouvé ma fille, ou plutôt ma fille a eu le courage de me retrouver.

En Mai, 2002, j’ai vécu une expérience physique brutale, restée jusqu’à ce jour sans

explication « médicale ».

Le 14 Octobre, 2003, mon équipe au Matrimandir a été officiellement démise de ses

fonctions, la victoire d’une coalition d’intérêts regroupée autour de Roger A,

l’ « Architecte » et Kireet Joshi, le « Chairman », qui s’acharnait depuis quelques

années à nous faire lâcher prise, particulièrement Arjun et moi, car nous osions

remettre en question la position de l’ « Architecte » à l’égard de la réalisation

matérielle des Jardins de Mère et, par association, bon nombre de positions et de

directions officielles d’Auroville, et refusions de nous soumettre.

Du jour au lendemain, après beaucoup d’années d’un engagement quotidien

ininterrompu au Matrimandir, je me retrouvai donc soudain privé de ce sens de

service, ce sens organique de participer au fonctionnement progressif, évolutif, d’un

corps collectif.

Cet ensemble de faits, entre autres, explique peut-être ce besoin que j’ai alors

éprouvé de « mettre de l’ordre », de rassembler tous ces fragments en une sorte

de témoignage.

Il m’arrive souvent de lire des romans, des « nouvelles » contemporains, qui

retracent autant d’itinéraires individuels ; la littérature anglaise et américaine est