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Les choses se durcirent.

Je redoutais trop de ne plus pouvoir revenir, d’être « condamné », je perdais trop

confiance. J’écrivis encore à Nata. (Je ne gardais aucune de mes lettres, ne faisais

aucune copie.)

Mi Octobre, Nata me répondit : (« Cher Divakat. J’ai lu à Mère votre lettre du 8 crt.

Elle ne veut pas que vous veniez à l’Ashram. Elle n’aime pas que vous veniez en

Inde. Comment vous faire comprendre cela ? De venir ici vous trouverez toutes les

portes fermées. L’Ashram ne vous recevra pas et moi-même, en vue de l’attitude

de Mère, je ne pourrais rien faire en votre faveur. Excusez-moi d’avoir été si

brusque mais je pense que ce soit la seule façon de vous faire comprendre. Bien à

vous. Nata. »)

Ce fut la confusion, le désarroi, un autre bouleversement.

Je dus, pour seulement survivre, m’en remettre à cette flamme de certitude

consciente de Cela, qui se tenait malgré tout, sans vaciller, au centre de ma

conscience, et y trouver le courage et un peu de paix.

Je ne sais plus ce que j’envoyai pour Mère à Nata, quelque chose que nous avions

faite de nos mains.

Mi Novembre, Nata me répondit, et pour la première fois il écrivit mon nom

correctement, avec un « r ». (« Cher Divakar. J’ai remis à Mère votre cadeau. Elle

est restée très contente et m’a prié de te remettre les bénédictions annexes pour

toi et pour tes amis M.S et Cyril. Je t’embrasse avec amitié. Nata. »)

Quelque chose se détendait.

Une autre amie, E.B, s’apprêtait à partir pour Pondichéry.

En Inde, c’était la guerre encore, dont la cessation donna naissance au Bangladesh.

Cela avait beaucoup préoccupé Mère.

J’écrivis à Satprem – que se passait-il ? Comment comprendre ces contradictions

qui obstruaient le chemin ?

En Décembre, Satprem me répondit : (« Divakar. Tu la reverras quand tu seras

convaincu que tes propres forces ne peuvent rien et que tu auras besoin d’Elle

comme de la seule chose nécessaire… Satprem. »)

Je commençais de comprendre que seule Mère pouvait saisir objectivement la

vérité de chaque être et y répondre directement.

Elle seule. Et Sri Aurobindo.

Chacun, autrement, ne comprenait l’autre, ne comprenait le monde, qu’à travers le

filtre réduit et limitant de sa propre expérience.

Je n’aimais pas le rôle que j’étais amené à jouer parmi les autres, je ne croyais pas

que nous pourrions parvenir à un équilibre collectif suffisamment clair. Je choisis de

partit.

J’allai me réfugier peu après en Bretagne, dans la maison de mon enfance, où je

pourrais à nouveau contempler la mer depuis les falaises.

Je savais que c’était égoïste, que je devais cesser de demander pour « moi ».

Pourtant, j’écrivis encore.

Début Février, 1972, Nata me répondit : (« Cher Divakar. J’ai reçu et lu à Mère ta

lettre du 17 Janvier. Toujours la même réponse : « Je ne veux pas qu’il vienne à

l’Ashram. » Je regrette de n’avoir rien de mieux à te dire. Ecris-moi et reçois les

sentiments d’affection de Nata. »)

J’insistai. Je ne demandai plus qu’à La revoir.