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… J’ai dîné à la Cuisine ; le bruit, la désharmonie grinçante, des corps et des

visages sans lumière, des langues qui s’agitent sans contrôle, des yeux vides…

juste 3 ou 4 êtres dans une pièce pleine d’humanité : c’est la Cuisine du Centre

d’Auroville !

*21-2-1984, Auroville:

An odd night, with much energy; for about two hours, I was gathering myself

inwardly, in a concentration on You, and there was the feeling that, at such

moment, one could die “well”, and one would know directly where to go…!

… Je suis allé à l’amphithéâtre vers 5 heures 30: les enfants très agités, et tous les

chiens aboyaient… Des visiteurs bavards et se moquant du jargon spirituel

d’Auroville ; une sorte de malveillance banalisée… et tout le monde, ou presque, se

tenait loin du Feu… Rien ne semble jamais vraiment offert !

… J’ai trouvé une réponse de Thierry qui m’attendait : une curieuse lettre, assez

droite et, en même temps, très morale. Il m’y dit que mon insistance ne ferait

qu’aggraver la désharmonie, qu’il n’a rien contre moi mais me conseille de laisser

Diane et Auragni tranquilles, que s’il y a une vérité dans notre « union », les

circonstances la révèleront ; et qu’il y a tout de même un grand nombre de

personnes qui ne trouvent pas mon contact favorable et que je devrais me poser

des questions…

Je lui ai répondu tout de suite une note brève que j’ai laissée dans le cahier du

messager, lui disant que j’appréciais sa réponse, et qu’il soit bien sûr que je me

pose toutes les questions depuis longtemps, et qu’il ne s’agit pas de mon « union »

avec Diane mais du choix qu’elle fait de poser cette division sur la vie d’Auragni…

… Je dois mettre cote à cote certaines données : ces gens qui me condamnent sont

souvent – ou toujours ? – des gens représentatifs d’attitudes humaines et sociales

avec lesquelles j’aurais des difficultés n’importe où ailleurs…

La futilité et l’absurdité de certains exercices m’apparaît plus clairement : beaucoup

semblent croire que, du seul fait d’être à Auroville, d’être appelé « Aurovilien », on

est passé au-delà des difficultés ordinaires, on est nécessairement dans une

certaine vérité et tous nos mouvements bénéficient du ‘cachet’, de la couleur et de

la sanction de cette vérité…

Mais la réalité ne correspond pas ! Comme dans toute société « ordinaire », il y a

des gens détestables, il y a des salauds, des réactionnaires, des moralistes, il y a

toutes les formes de la satisfaction de soi, tous les fanatismes, tous les

exclusivismes… Le changement réel n’est pas accompli, et le plus on y prétend, et

le moins vite il peut se faire…

Ainsi la loi, ici comme ailleurs, demeure la même : en soi-même individuellement,

accéder à une condition libre de toute division, de toute dureté, et de tout masque :

se défaire de l’ego…

Ce que je dois endurer, je l’endurerai… On verra !

*22-2-1984, Auroville :

Ce matin on s’est aperçus que j’avais fixé un coffrage dans une mauvaise position

hier… ; il y a des moments où je ne vois pas, où je vais trop vite, et c’est par

négligence : c’est une insincérité. Jeevan (le nouveau nom de R) est très bon pour

appuyer juste là et me secouer de mes « gravités »… !

… Parallèlement à cette question de lutte d’influences, je me trouve devant le

mystère de ce qui semble être comme des « races » différentes dans l’humanité… ;