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*1-3-1984, Auroville :

J’avais si mal, mal à hurler… Et je ne sais pas lutter contre cette douleur, je ne sais

pas passer derrière, la traverser, ou l’offrir… Il semble qu’elle soit là, en travers du

chemin, profondément…

J’ai hésité ce matin ; j’ai pensé à rester seul ici ; mais ç’aurait été le drame aussi.

Alors je suis allé travailler, et mon équipe a gentiment respecté mon silence et on a

fait du bon travail, concentré…

… Je ne sais pas si cette douleur reviendra encore, ni si je tiendrai, ou lâcherai…

Mais, jusqu’à ce matin, il me semblait que les portes se fermaient DEVANT moi…

Et, depuis ce matin, il me semble qu’elles se ferment DERRIERE moi, et que je suis

poussé, projeté sur un morceau de chemin nu, étrange, désert, et je crois après

tout qu’il y a de la lumière…

… J’ai envoyé à Diane cette note que j’ai écrite pendant la nuit… Et même cette

note, à présent, prend un autre sens ; c’est comme si moi-même j’aidais à brûler

les ponts… Et il n’y a pas de regret.

… Barbara me dit que Ruud, de lui-même, considérait sérieusement, avec quelques

autres, aller parler à Diane et lui dire que ce qu’elle faisait à propos d’Auragni

n’était pas acceptable et ne pouvait pas continuer…

*5-3-1984, Auroville :

Après le travail, Luigi m’a arrêté près du Banyan pour me demander si nous étions

toujours amis, et me dire que j’étais toujours très présent en lui… J’ai vu qu’encore

on ne se comprendrait pas, qu’il n’était pas prêt à se donner à l’expérience de ce

contact, et que sa tête est encore pleine de notions qui font mal ; qu’il valait mieux

tout laisser tranquille…

… Cette horrible grimace me regarde, qui s’est installée sur la chose la plus belle et

la plus pure de ma vie – l’amour avec l’enfant, l’amour de ma petite fille…

Trouver la force et la sincérité de rire à ça !... de le transpercer, que toutes ses

prises et ses tentacules se défassent, et surtout dans le cœur de Diane, en un

instant de ce rire ?!!!

Mais c’est d’abord dans mon propre cœur que je dois le trouver, ce rire !

*7-3-1984, Auroville :

Je suis tombé sur ce texte de Sri Aurobindo dans « La Vie Divine » :

« If Nature has taken her evolutionary decision. »

Cela m’a aidé. Appliqué à ce contexte de transition qu’est Auroville, sans être

encourageant au sens psychologique, ce texte est venu soutenir tout un ordre de

perceptions qui ont joué un rôle actif dans ma conscience ces temps derniers…

C’est un sourire libérateur…

*8-3-1984, Auroville:

I noted down just one of these bizarre experiences I have, night after night – and

most probably I only remember a small amount… This one was tough: it is about a

being who has become so racked with an inner kind of torture that it has

manifested physically into a constant crawling of large insects all over the body,

and he has to keep walking in a trance, and never come out of that trance, lest he’d

go mad in a second. But something happens when we meet and we both have to

share that moment of madness and go through it, till the torture dissolves…