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Je suis presque malade de fatigue et de tristesse.

Rien n’est clair.

Et Satprem n’a pas répondu.

*12-4-1984, Auroville :

Ce matin j’ai dû rester ici pour me reposer.

Cet après-midi C et moi sommes allés à Pondy pour les billets d’avion, les papiers,

etc. ; et là, nous avons rencontré Krishna : il a beaucoup maigri ; le souffle court,

fiévreux, très las, nerveusement à bout, comme s’il s’était cogné à trop de murs… Il

m’a demandé s’il y avait une suite au message de Satprem, s’il se passait quelque

chose… Il m’a demandé de venir le trouver même si Dom est encore là (elle doit

s’en aller bientôt)…

C est si complètement belle et proche, elle est un tel présent de vie et de partage…

*14-4-1984, Bombay :

Le moment de la séparation a été un peu difficile… Mais, si je n’ai rien « fait » dans

ma vie, au moins il y a ça : cette union offerte entre elle et moi… !

J’ai pris une chambre d’hôtel.

*15-4-1984, Bombay :

Cette ville est immense…

J’ai marché, marché, marché…

Vu un film américain, « Love Child », une belle histoire…

*16-4-1984, Bombay :

Une migraine permanente…

Je regarde : le sexe, la mort, la déchéance du corps…

Et Auroville, ce nucléus minuscule pour des milliards d’êtres…

Et je suis comme le monde… : la distance entre les deux états, les deux

atmosphères, est la même dans mon être… Et pourtant…

… Douce Mère, suis-je capable de Te laisser construire un autre être dans le

silence ?

… J’ai marché ce soir jusqu’à ce fantastique hôtel de grand luxe au bord d’un

promontoire rocheux, haut de vingt étages, surmonté d’une sorte de rotonde vitrée

qui domine l’océan de tous côtés… Alors je bois une bière glacée en regardant cette

immensité lumineuse et, en bas et tout autour sur les rochers, entre les ordures,

des gens qui campent, qui se lavent, qui survivent…

*17-4-1984, Auroville :

Une fois de retour ici, cette paix…

Ar. avait tout préparé : des fleurs, des fruits…

Barbara me dit que le jour même de mon départ à Bombay, Krishna m’avait

télégraphié de venir…