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*22-5-1984, Auroville :
Cette nuit, entre toutes sortes de rêves encombrés, je me suis trouvé en présence
d’étranges petites créatures animales – un serpent à trois têtes, un drôle de chat
sauvage à moitié hibou… : des présences qui, au contact ; perdaient leur caractère
menaçant…
… Krishna est inquiet ; il n’y a aucune réponse de l’Ambassade du Maroc à Delhi ; il
ne sait où aller, ni que faire, ni comment vivre, ni pour quoi…
*23-5-1984, Auroville :
Hier soir Barbara s’était plainte que je ne l’appréciais pas, que je ne répondais pas
à son besoin et sa joie de se donner… : le même phénomène qu’avec Ar.…
Et ce matin, quand elle est venue nous rejoindre elle m’a dit qu’hier, après, son
corps ; de très profond, s’était mis à pleurer ; qu’elle n’avait jamais connu ces
larmes-là…
*24-5-1984, Auroville :
Tant que Krishna ne sait pas clairement ce qu’il va faire, où il va aller, je suis tenu
et ne puis consacrer le temps qu’il faudrait au Matrimandir ; je n’y vais travailler
que tôt le matin…
Et il y a ce besoin en moi, plus aigu encore maintenant, de recevoir de Toi un
travail, une activité, quelle qu’elle soit, qui permettrait de fixer, d’appeler,
d’incarner… Que tu me dises : « tiens, fais ça pour moi… ! »
*25-5-1984, Auroville :
Tout est lourd et pénible : rien qui tienne, rien de droit…
Barbara a voulu me raconter un rêve « très fort » qu’elle a eu la nuit dernière, où
elle m’apportait Auragni qui avait besoin de moi et je l’emmenais dans ma voiture à
ma maison et il y avait là sa chambre et elle s’endormait sur mes genoux, et Diane
venait aussi et acceptait et faisait confiance et la laissait avec moi, ma petite fille…
Alors je ne sais pas, pourquoi doit-on rêver ces choses et me les dire ?
Est- ce de pure malice, de la cruauté, quelque chose d’occulte malveillant, où y a-
t-il une possibilité ?
… Je sens toutes ces années de tension ; et G.M qui est parti, et Satprem qui dit
« adieu » à Auroville et Krishna qui veut s’en aller… et Auragni qui est séparée de
moi par les « Auroviliens »… Et je ne sais pas, je n’ai rien à offrir, rien à donner…
… Souvent ces jours-ci il me prend l’envie de hurler, physiquement…
*29-5-1984, Auroville :
Ce soir Barbara nous apprend la mort de Gandolf ; il s’est tué dans un accident
d’escalade à Yercaud ; elle ne savait rien de plus… J’ai eu l’impression que cela
avait été très soudain et très rapide…
J’ai regardé alors tout ce qui s’est passé ces derniers mois autour de Gandolf – un
adolescent « difficile » - et… les regrets de n’avoir pas agi… ; « si » j’avais eu plus
de confiance en ces « impressions » subjectives qui me venaient, j’aurais fait plus
et ne me serais pas contenté de suggérer à L que son attitude était dangereuse…
Mais on ne sait rien, rien…