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*11-7-1984, Auroville :

Je lis « Les Confessions véridiques d’un terroriste albinos » de Breytenbach : c’est

bien actuel !

*12-7-1984, Auroville :

Ce n’est qu’hier que j’ai reçu une note de Nath m’annonçant son intention de venir

passer trois semaines ici, et aujourd’hui elle est arrivée, et avec elle l’intrusion de

toute une atmosphère de l’Europe ; mais elle est douce, et son travail de danseuse

a établi un silence physique dans sa présence, qui est bien appréciable… Elle m’a

donné des nouvelles d’O.P, de leur travail avec Béjart, de leurs projets…

… Krishna n’est pas bien. Il est de nouveau fiévreux, et j’attrape de lui une sorte

d’inquiétude ; c’est comme s’il creusait un cul-de-sac, et je ne sais rien, ne puis

rien, et ne suis conscient de rien d’ « utile » ; je me sens abandonné par la Force,

laissé là dans la banalité implacable et mortelle de cet absurde repas de la vie…

*16-7-1984, Auroville :

Ce matin Krishna m’a demandé une fois de plus que nous allions ensemble à la

plage, en vélo, cet après-midi… Bon ! Quand le moment est venu ; j’ai du regonfler

les pneus de mon vélo ; Krishna avait déjà préparé son sac comme s’il s’apprêtait à

partir sans m’attendre… Nous sommes descendus jusqu’à la route goudronnée du

littoral ; j’étais un peu en avant et je me suis arrêté à l’entrée de « Repos » pour

l’attendre ; et, de loin, il m’a fait un signe d’au revoir, me criant qu’il m’écrirait dés

qu’il aurait une adresse, et il a continué vers Pondy…

Il a pris tout son argent…

Je comprend, mais je suis aussi bien las de ses mensonges, et d’être celui à qui il

se croit obligé de mentir…

… J’ai accompagné Ruud à Pondy, qui s’en va à Bombay pour tenter d’obtenir des

donations pour Matrimandir…

*19-7-1984, Auroville :

Nath passe presque toutes ses journées ici, mais aujourd’hui elle devait aller à

« Aspiration » montrer des mouvements de danse à Mon, et souhaitait que je

l’accompagne et participe ; d’après elle Mon était prévenue et d’accord.

Je redoutais d’y rencontrer Diane et ma princesse (que ferais-je ?) mais, pour Nath,

j’ai choisi d’essayer. Nous avons trouvé Mon dans sa hutte, et dû attendre un

moment que le groupe de théâtre libère la salle de « Last School » ; Nath s’était

déjà changée, et nous allions commencer, quand Mon soudain annoncé qu’elle ne

voulait pas venir car elle ne voulait pas travailler avec moi… C’était comme une

brique : tout a viré ; Nath s’est fâchée, écoeurée ; et, pendant ces quelques

instants je pouvais voir, par la fenêtre, à quelque distance sur le chemin, une petite

fille qui trottinait devant Diane…

J’ai emmené Nath à la plage…

Qu’est ce que je fais ici, l’objet de cet ostracisme ?

Je ferais mieux de partir… A quoi ça sert de s’entêter à essayer de marcher et

d’exister dans un contexte où je suis rejeté ?

Si ce n’est pas pour Toi, et avec Toi, alors qu’est ce que je cherche à prouver ?

J’ai l’envie de vomir…