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j’ai comme un dégoût parfois ! Mais je sais aussi que ce dégoût n’est que l’envers

d’une satisfaction qui commençait à pointer… Tout cela est peu profond…

Alors je continue ; il y a quelque chose qui se fait…

*1-9-1984, Auroville :

C’est de nouveau la rivalité entre Ar. et Barbara, et ça me place entre deux tirs de

revendication ; j’ai l’impression d’être un morceau de terrain disputé : si la clôture

passera à droite ou à gauche du pommier… !

*8-9-1984, Auroville :

Ar. tire beaucoup ; elle demande, elle veut une relation physique, et je continue de

le refuser ; et je me sens un peu malhonnête de lui donner une intimité sans lui

donner de plénitude…

9-9-1984, Auroville :

J’ai terminé aujourd’hui la rédaction de ce texte.

Je crois que c’est fort, percutant, et que cela peut toucher ; en même temps, c’est

écrit dans un langage, et cela met l’accent sur des aspects de conscience, qui

risquent d’étonner, de déconcerter, sinon de rebuter – même à Auroville… Mais de

toutes manières, l’imprimer ici est hors de question : je suis condamné, et rien de

« bon » ne peut venir de moi, c’est entendu… !

… Anandi est venue me voir, comme elle le fait souvent ; et j’ai remarqué que,

lorsqu’elle est seule avec moi, elle est très fine et joyeuse, cohérente et attentive ;

lorsqu’il y a quelqu’un d’autre, elle est chaotique, bruyante et fausse…

*Poem in prose, written on 10-9-1984:

“Bleu et gris, entre les branches; et vert : la clairière.

La mousse est encore fraîche sous mes pieds.

Au bord, à l’orée, la chanson hésitante, jaune ruisselante, des boutons d’or.

Vert, vert, la clairière ; il fait bon, la douceur infinie de la brume lentement se retire

absorbée, c’est la terre qui lentement bascule et s’expose au soleil.

Il sent bon, le bois bourgeonnant, sa pourriture respire lentement, exhale et revit.

Une forme, brune et sourde, file entre les herbes, et soudain ploient les rameaux,

un bond, un saut. Et presque, le silence.

Un premier rayon frappe le fourré, de l’autre côté, près des grands fûts sombres qui

montent à leurs arches et là, où l’herbe est rase et paisible, quelque chose

commence à reluire, à briller, sans bruit.

Un homme est couché là, un glaive à son côté.

Une explosion tranquille, la lame s’anime et d’elle la lumière rejaillit et s’épand ;

tout, là, s’avive et se gorge de lumière, et la présence, l’homme en son corps

étendu, semble monter sur la crête de la clairière, et l’habite, sans mouvement.

En haut éclate le soleil, irrésistible ; près du corps tombe une ombre, et s’allonge,

et lentement se rétracte.

Tout l’espace enclos, ouvert par le haut, subit la lumière et la rend.

De l’homme immobile, comme une chaleur monte à mon sang, un courant s’établit.

Et c’est comme tout veille et attend.