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Quelque chose d’intérieur m’a déplacé par rapport à lui ; cela ressemble à de
l’indifférence, mais c’est une chose plus profonde, et tranquille…
Il y a une sorte de tristesse en moi aussi, peut-être une lassitude de tous ces
remous émotionnels, entre Ar., Barbara, et même avec Krishna…
Il n’y a ces jours-ci qu’avec Benaur que je puisse vraiment sourire…
Pourtant, Jack est venu nous voir et nous a parlé longtemps de son expérience de
ces sept dernières années aux Etats-Unis, et nous avons ri, et ri… Et ça lui a fait du
bien aussi…!
*3-7-1984, Auroville:
The night has been difficult, picking through ruins, cleaning and cleaning debris,
and sorting out abandoned stuff, and I woke up at 2 am so tired that it verged on
panic, and I felt like moaning… It has been so many years now that I feel thus
tired: I do not even remember ever getting up in the morning refreshed and ready,
or ever experiencing this sort of physical innocence…
I want to be Yours, to belong to You, to be a little bit of substance claimed and
used by You – and I am panicked when I cannot at all feel that You want me…
… J’ai emmené Barbara passer la journée à Pondy : on a fait le marché, choisi une
robe pour elle, et des petits oiseaux pour Akash ; on a déjeuné près de la mer ; je
voulais tout rassembler entre nous dans la dimension de l’amitié : c’est là que c’est
solide et réel, c’est là que chacun peut donner librement… Et c’était calme et clair.
*4-7-1984, Auroville :
Je ne peux guère plus supporter tout ce flot de paroles inutiles dont Krishna remplit
les moments que nous passons ensemble, surtout quand Barbara est avec nous ;
c’est comme un égoïsme en lui ; alors, je me retire de plus en plus…
Cet après-midi j’ai pu, seul pendant près de deux heures, écouter une merveilleuse
interprétation de la musique de Bach pour l’Evangile selon Saint Jean, et tout était
à sa place, les difficultés avaient leur sens, et tout était perçu par une force d’être
qui aime…
*5-7-1984, Auroville :
Un curieux incident entre Krishna et moi : nous travaillions à notre jardin quand j’ai
découvert qu’il avait pris deux très beaux cristaux que je garde toujours près des
fleurs, en offrande, pour les enterrer à demi dans un pot de cacti ; et je me suis
pris à tenter de lui faire saisir la brutalité de ce geste, le manque de respect qu’il
exprimait… Il m’a seulement dit de les reprendre si je le voulais ; mais cela m’a
montré quelque chose.
*10-7-1984, Auroville :
Barbara et moi avons accompagné Anne, Sam et Benaur à l’aéroport hier ; e
aujourd’hui nous avons nettoyé leur maison, avec Ruud et Akash, de fond en
comble, pour que Barbara et Akash puissent s’y installer bientôt.
… Avec Krishna je me sens un peu comme une mère dépassée, débordée par les
exigences et la force de la demande de son enfant ; ce n’est jamais tranquille et il
veut une acceptation inconditionnelle dans ma conscience, quoiqu’il fasse et
quoiqu’il exprime…