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*3-5-1984, Yercaud :

J’essaie vainement d’identifier une situation dans ce monde à laquelle je pourrais

m’atteler, pour seulement vivre !

Mais je n’en vois jamais que deux : l’une est Auroville, « Sincérité » et le chemin,

là…

L’autre serait d’avoir les moyens de me mouvoir constamment, d’un lieu à un autre,

de pays en pays, librement…

… Krishna se repose.

C’est drôle, je n’ai absolument aucune place pour communiquer quoi que ce soit de

ma propre expérience ; la sienne prend tout l’espace et le temps, et tout ce qu’il

me demande est d’être là, et disponible…

*7-5-1984, Yercaud :

Krishna semble aussi sentir qu’il n’y a plus guère de sens à rester ici ; alors nous

allons peut-être repartir demain vers Pondichéry… Mais il panique encore,

profondément…

*8-5-1984, Pondichéry :

Nous avons quitté Yercaud à 9 heures ce matin, et sommes arrivés à Pondy après

17 heures ; nous avons pris une grande chambre au Parc, ouverte sur la mer…

Krishna a de nouveau mal à la jambe ; il y a comme une varice profonde, et

enflammée… On ira voir Datta…

… Une chose frappante, c’est qu’on est rentrés aussi dans une atmosphère mentale

où la sexualité a une place considérable… A Yercaud, cela ne m’avait dérangé

qu’une fois ; alors qu’ici, c’est environnant !

*9-5-1984, Pondichéry :

Ca devient un peu juste – j’ai moi-même besoin de repos, car je ne dormais que

trop peu et très mal à Yercaud, et de me retrouver dans une atmosphère qui me

nourrit, pour pouvoir donner… Krishna le sent concrètement et redoute que je ne

puisse tenir plus longtemps…

Il est urgent que je trouve pour lui des conditions matérielles correctes, afin que je

puisse faire ce qu’il me demande et qu’il sente que je veille à tout…

… Datta l’a examiné ; il pense que ce problème à sa jambe est dû à de la filariose –

ce que Tu as eue, Douce Mère !

*10-5-1984, Auroville :

Un passage : des seuils d’endurance sont franchis, l’on donne et accepte, le contact

conscient se dénude, se décante, se révèle…

Ce matin tout était plus tranquille ; et il redevenait possible que nous rentrions

ensemble à « Sincérité »…

Mais, plus tard dans la journée, Krishna a vu qu’il était nécessaire et juste qu’il

reste seul à Pondy, si seulement je continuais de m’occuper de tout et venait

chaque jour… J’ai trouvé que c’était un bon signe…

Alors ce soir je suis rentré seul. Ar. et Barbara m’attendaient.

Immédiatement, cette joie matérielle – la place, le lieu que Tu m’as donnés : cette

harmonie… !